Le 16 septembre 2021 j’organisais un débat citoyen sur le thème du harcèlement scolaire, à l’auditorium de l’Atelier des Capucins, à Brest.
Sur ce thème qui peut toucher tous les enfants – de l’école primaire au lycée – et prendre différentes formes, du harcèlement direct au cyberharcèlement, la parole est importante. C’est pourquoi j’ai souhaité réunir des professionnels de l’éducation, parlementaire, psychologue, associations, dans un format d’expression permettant le dialogue et l’échange avec le public. Ainsi ont répondu à mon invitation :
Erwan Balanant, député de la 8ème circonscription du Finistère, auteur du rapport « Comprendre et combattre le harcèlement scolaire, 120 propositions »
Cécile Humbert-Mohammedi, référente académique pour la prévention et la lutte contre le harcèlement scolaire
Kevin Guéguen, référent du Pays de Brest de l’association « Les Papillons »
Marine Lagogué, Psychologue spécialisée dans l’accompagnement des enfants, des adolescents et de leurs parents
Définir un interdit
Si le harcèlement touche 700.000 enfants et adolescents il n’est pas toujours bien compris ni identifié : Ainsi s’accorder sur une définition est importante pour bien approcher les différentes formes de harcèlement. Selon Erwan Balanant, il faut définir le harcèlement par sa conséquence principale : la perte de confiance en soi à cause des autres. Il faut donc définir un interdit sociétal et éduquer sur cette base pour garantir une scolarité sans harcèlement. L’interdit doit être bien identifié par tous et introduit en tant que tel dans le code pénal. Cette approche permet également de traiter la situation en termes de « victime » et « d’auteur ».
Prévenir, sensibiliser, accompagner, protéger
Le sentiment de sécurité est indispensable aux apprentissages à l’école, au collège et au lycée, c’est pourquoi l’ensemble des acteurs doit être sollicité pendant le temps scolaire et en dehors. Cette mobilisation de l’ensemble des acteurs se manifeste notamment à travers le programme « pHARe »porté par le Ministère de l’Éducation Nationale. Les intervenants s’accordent pour souligner qu’un climat de confiance est plus efficace que les seules sanctions, en matière de harcèlement.
L’information et la formation s’imposent également pour mieux repérer victimes et auteurs et prévenir les conséquences du harcèlement : décrochage scolaire, isolement, détresse. Il faut aussi impliquer davantage les témoins de ces comportements. Parmi les signes qui doivent alerter on peut citer notamment un changement brutal de comportement et d’humeur, une baisse des résultats scolaires, chez des enfants qui – souvent – ont peur que les parents interviennent. Le dialogue est donc essentiel, même si il n’est pas facile de recueillir la parole de l’enfant.
Des échanges et des témoignages
Parmi les échanges avec le public on peut citer le témoignage de Monsieur Julien Trottier, principal du collège Saint-Pol-Roux à Brest, qui a rappelé le rôle important des CPE et est revenu sur le dispositif « Respect Zone », mis en place dans son établissement depuis 2015.
Il a également souligné le fait qu’avec les supports numériques – en particulier les smartphones – le harcèlement ne s’arrêtent plus désormais à l’école mais continue à la maison : les victimes n’ont plus de répit. Il est donc important de mettre en place des règles d’usage du smartphone à la maison, d’aménager des temps sans connexion.
Un parent d’élève confronté au problème s’interroge : Quelle est la solution ? Souvent la seule issue est de changer l’enfant d’établissement… Les professionnels s’accordent pour reconnaitre que ce n’est pas la solution : le partenariat entre communauté éducative, parents, accompagnement psychologique doit être privilégié. Pour cela la reconnaissance juridique d’un statut de victime apparait utile.
D’autres échanges ont souligné que vivre une situation de harcèlement est la première épreuve d’un enfant : il convient donc de se saisir le plus tôt possible du problème pour ne pas compromette l’avenir.
Le partenariat avec les associations est à ce titre utile : des initiatives locales ou nationales permettent de multiplier les moyens de sensibilisation, de formation ou d’alerte. La logique de partenariat et de complémentarité entre tous les acteurs est à retenir. L’initiative de l’association « Les Papillons » et de son réseau de boites aux lettres est, à ce titre, exemplaire.
Je remercie vivement les participants et le public mobilisé pour cet échange de grande qualité sur un sujet difficile dont il faut – sans cesse – parler !