yellow button

A l’écoute des personnes déficientes visuelles

Rencontre avec l’Association Valentin Haüy

Vendredi 7 septembre, je me suis rendu au comité départemental de l’Association Valentin Haüy (AVH) situé à Brest.

Reconnue d’utilité publique depuis 1891, l’association accompagne au quotidien les personnes aveugles ou malvoyantes et se mobilise pour leur autonomie.

Le président Arnaud Le Deun était accompagné de Michaël Föllmi, bénévole actif et d’Emmanuelle Bargain, salariée du comité. Ils m’ont exposé les différentes actions engagées par l’AVH et ont porté à mon attention plusieurs propositions.

 

 

Soutenir, informer et orienter les personnes aveugles et malvoyantes

Avec plus de 120 comités sur le territoire, la force de l’AVH est son implantation locale, au plus près des personnes ayant une déficience visuelle.

Le comité départemental du Finistère déploie toute une offre de service à leur destination.

Chaque année, environ 240 personnes franchissent la porte du local de l’association.

La préoccupation première du comité est d’accueillir les visiteurs et de les renseigner. Emmanuelle Bargain m’explique que face à ce handicap, « beaucoup de familles sont perdues. Il y a une grosse part d’écoute et de soutien psychologique ». 

Photo avec Didier Le Gac et les représentants de l'association

Rompre avec l’isolement est une autre priorité de l’association. Aussi organise-t-elle diverses activités ainsi que des ateliers et sorties. Elle met également à disposition une médiathèque audio dénommée « Éole », offrant un large choix de supports culturels adaptés.

Par ailleurs, afin d’accompagner l’autonomie des personnes en situation de handicap visuel, au sein du local est aménagé un espace proposant toute une gamme de matériels spécialisés (téléphonie, lecteurs de livres vocaux, etc.). L’AVH dispense en complément des cours d’informatique et de téléphonie adaptés.

 

 

Sensibiliser les parties prenantes

Le handicap visuel est beaucoup plus complexe à appréhender souligne le Président Arnaud Le Deun. Sensibiliser – au sens large – l’environnement de ces personnes est essentiel pour qu’elles puissent mener « une vie normale ».

Avec allant, le comité initie de nombreux projets et partenariats au niveau local.

Quelques exemples :

  • Liens avec les ophtalmologistes pour qu’ils orientent leur patientèle vers l’AVH
  • Conventions avec les médiathèques pour mettre à disposition les contenus culturels « Éole »
  • Interventions auprès des conducteurs du réseau Bibus
  • Echanges avec l’association Cœurs d’aidants pour accompagner les aidants
  • Organisation de cas pratiques avec les ambulancier brestois
  • Visites régulières dans les EHPAD

 

« Petit à petit, on arrive à tisser notre toile ».

 

 

Pour la reconnaissance du handicap visuel lié à l’âge

Graphique avec le nombre de personnes malvoyantes et aveugles dans les différentes catégories d'âge : 180 300 ont moins de 25 ans ; 659 500 ont entre 26 et 59 ans ; 921 700 ont plus de 60 ans. Sources : enquête DRESS de 2021

On estime à 1,8 millions le nombre d’individus en situation de handicap visuel.

La grande majorité ont plus de 60 ans. 

L’association est de plus en plus sollicitée par des personnes âgées, en raison du vieillissement de la population et du développement des maladies liées à l’âge telles que la DMLA.

L’AVH plaide pour que ce handicap soit réellement pris en compte dans le cadre de la politique du bien vieillir. Elle porte notamment les propositions suivantes :

  • Etablir systématiquement une évaluation de la vision de la personne âgée dès son entrée dans l’établissement médical ;
  • Former les professionnels de santé directement en contact avec cette population (en particulier le personnel du maintien à domicile et des EHPAD) ;
  • Réviser l’Allocation Personnalisée d’Autonomie (APA). Pour faire face aux dépenses liées à la dépendance, les individus de plus de 60 ans peuvent bénéficier d’une aide financière, l’APA. Mais à ce jour, celle-ci se focalise sur les capacités fonctionnelles, obérant la perte d’autonomie liée à la déficience visuelle.

 

Pour une société plus inclusive

La loi du 11 février 2005 représente une grande avancée dans l’approche de la politique du handicap. Elle pose notamment le principe d’une accessibilité généralisée pour « permettre une participation effective des personnes handicapées à la vie sociale ». Cette obligation vise toutes les composantes de la vie collective : transport, logement, bâtiments publics, emploi, loisirs, numérique, scolarité, etc. 

Mais la mise en œuvre du principe s’est avérée très complexe et aujourd’hui, force est de constater que l’objectif n’est pas atteint. Ce sujet avait d’ailleurs été abordé avec le collectif des associations des personnes handicapées du Finistère .

L’AVH a souhaité attirer mon attention plus particulièrement sur trois points :

 

→ Du numérique « responsable »

Pour mes interlocuteurs, le numérique « c’est la porte d’entrée à tout » : aux contenus culturels – notamment les livres – , aux services mais aussi à toutes les démarches administratives, à l’heure de la dématérialisation. Or la très grande majorité des sites internet et applications ne sont pas accessibles aux personnes ayant une déficience visuelle.

Faire du numérique une opportunité pour tous

L’association défend la mise en œuvre effective de l’obligation d’accessibilité numérique et, en cas de non respect de celle-ci, l’application des sanctions. Elle suggère également de prévoir dans la formation des webmasters un module spécifique dédié à la conception de sites adaptés.

Le comité local se propose, par ailleurs, d’accompagner les acteurs publics et privés dans la mise en accessibilité de leur site internet. Une expérience qu’elle a déjà menée avec succès avec la mairie de Brest.

Le député Didier Le Gac et les représentants de l'Association AVH sont assis autour d'une table et échangent.

 

→ L’accessibilité physique

Elle concerne principalement l’accès aux transports, aux bâtiments et au matériel de la vie quotidienne. L’association m’a notamment alerté sur la « tendance » du « tout tactile » (les appareils de carte bancaire, d’électroménager, etc) : aussi esthétique soit-elle, elle n’est pas adaptée aux personnes aveugles et malvoyantes… Des alternatives existent et doivent être prévues.

S’agissant du transport, le comité est globalement satisfait de l’accessibilité et de la couverture du réseau, que ce soit au niveau métropolitain, départemental et régional. En revanche, l’éligibilité aux réductions de transport présente une incohérence m’apprend Michaël Föllmi. Aujourd’hui, ce droit est corrélé à l’allocation aux adultes handicapées (AAH). Or certains retraités ne sont plus éligibles à l’AAH et voit, de facto, leur droit à cette réduction s’éteindre. Un contresens pour Michaël Follmi : « je n’ai plus l’aide mais j’ai toujours le handicap ».

 

→ La réduction des inégalités territoriales

Plus largement, l’AVH déplore une réelle inégalité entre les métropoles et le milieu rural, due en premier lieu à la mobilité, les réseaux de transport étant par nature plus étoffés en milieu urbain.  Il est ainsi beaucoup plus compliqué pour les personnes déficientes visuelles de venir dans les locaux de l’association et de bénéficier de ses services. Pour palier à cette inégalité, le comité propose aux communes et intercommunalités des actions de sensibilisation et des outils adaptés, à l’instar de sa médiathèque Eole. Elle se tient également à leur disposition pour tenir des permanences mobiles.

 

 

Un grand merci à l’association pour leur accueil et tous ces éclairages ! 

Je me suis engagé à relayer leurs préoccupations auprès du Gouvernement.

 

 – 11 septembre 2024 –

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.
Tous les champs sont obligatoires.

Inscrivez-vous à notre newsletter

Aller au contenu principal