Comme je l’évoquais, le mois dernier, dans mon précédent éditorial, une coalition improbable regroupant toute la gauche et le RN a donc censuré le 4 décembre dernier le gouvernement Barnier en place depuis 3 mois seulement.
Non seulement le gouvernement Barnier a dû démissionner, mais encore le budget 2025 n’a pu être adopté ! C’est la première fois qu’un gouvernement est censuré depuis 1962 et c’est la première fois qu’un budget n’est pas adopté depuis 1979 ! Tristes records…
Le nouveau Premier ministre, François Bayrou l’a rappelé devant la représentation nationale ce mardi : « La période dans laquelle nous sommes entrés, ouverte par la censure du gouvernement de Michel Barnier, a créé une situation sans précédent et grave. Nous sommes en effet à la veille de Noël sans budget, ce qui ne s’est jamais produit depuis un demi-siècle ».
C’est une nouvelle période d’incertitude économique pour les entreprises qui s’ouvre.
L’INSEE, à juste titre, évoque désormais une croissance “morose”, un paysage “maussade” et “un coup de frein” sur les dépenses publiques. L’activité du pays, ajoute-t-elle est « suspendue à un regain de confiance ». Les chefs d’entreprises que je rencontre me font d’ailleurs part de leurs difficultés à se projeter dans l’avenir.
Pour renouer avec la confiance, notre pays a besoin désormais d’un budget et de stabilité politique. Il n’a surtout pas besoin d’une croissance en berne et de polémiques stériles.
C’est pourquoi, sans tarder, nous avons voté lundi 16 décembre une loi spéciale permettant à l’État de percevoir l’impôt et continuer à … emprunter. Mais il lui faut aussi une nouvelle loi de finances pour 2025 afin d’autoriser les dépenses de crédits.
C’est dans cette optique que le Président de la République a nommé François Bayrou Premier ministre. C’est lui et son nouveau gouvernement qui dès le début 2025 proposeront à la France un nouveau budget répondant aux attentes de nos concitoyens.
La préparation de ce nouveau budget prendra plusieurs semaines mais il permettra, au bout du compte, j’espère avant la fin du premier trimestre, à nos collectivités locales de faire adopter leur propre budget ou encore à nos agriculteurs de bénéficier des mesures promises et attendues…
Mais que de temps perdu !
La faute, une fois de plus, en incombe à ceux qui ont voulu jouer un coup politique sans en assumer aucune conséquence et en menaçant même à nouveau le prochain gouvernement d’une nouvelle censure !
Notre pays est sorti de situations plus difficiles encore. J’ai confiance dans le bon sens de nos concitoyens mais je n’excuse pas le comportement politique irresponsable de ceux qui ajoutent du désordre au désordre.
Il nous faut collectivement appeler les partis à la responsabilité et tendre idéalement vers un nouveau contrat de gouvernement. Car, être à la hauteur des responsabilités ce n’est pas par magie devenir d’accord sur tout mais bien de savoir aujourd’hui si l’on est capables dans les prochaines semaines de se concentrer sur des priorités essentielles au pays (à commencer par le budget !) et si possible bâtir des compromis. L’urgence est là. Et pour le reste, il sera toujours temps pour chacun de présenter son programme aux prochaines échéances électorales. Ce temps-là viendra bien assez vite.
Pour l’heure, voici venu le moment des fêtes et de la trêve des confiseurs. Sachons profiter de ces moments pour renouer avec l’essentiel et nous retrouver avec ceux qui nous sont chers. Et, bien sûr, ayons tous une pensée pour nos compatriotes de Mayotte, eux qui viennent de subir l’une des catastrophes naturelles les plus graves de l’histoire de notre pays.
– 23 décembre 2024 –