Lundi 12 mai, j’ai eu le plaisir d’assister à la soirée de lancement du plan stratégique pour la décarbonation de la filière maritime française, un événement fédérateur qui a rassemblé l’ensemble des parties prenantes du secteur : armateurs, industriels, ports, pouvoirs publics et partenaires académiques.
Initiée par Armateurs de France, le GICAN (Groupement des Industries de Construction et Activités Navales) et Ports de France, cette démarche ambitieuse vise à accélérer la transition énergétique du transport maritime.
Un enjeu environnemental, économique et stratégique
Le secteur maritime est au coeur de notre économie, comme en témoigne les chiffres de l’infographie ci-dessous :
=> Décarboner ce secteur n’est donc pas seulement un impératif écologique : c’est également un enjeu de compétitivité et de souveraineté nationale, en particulier pour sécuriser nos approvisionnements à long terme.
Une dépendance aux énergies fossiles encore trop forte
Bien qu’il soit le moyen le plus sobre en carbone à la tonne transportée, avec une moyenne de 3 à 15gCO2/tonne.km (contre 150 pour la route et 1500 pour l’aérien), le transport maritime représente, compte tenu des volumes concernés, 3 % des émissions mondiales de CO2.
Sa décarbonation est donc essentielle pour atteindre notre objectif de zéro émissions nette d’ici 2050. A ce titre, elle devra mobiliser l’ensemble des acteurs de la chaîne de valeur du maritime
- Les armateurs, en investissant dans des navires bas-carbone ;
- Les chantiers navals, en concevant des navires plus sobres ;
- Les ports, en déployant des infrastructures d’accueil pour les énergies propres ;
- Les énergéticiens, en développant des unités de production adaptées au maritime.
=> C’est dans ce contexte que le Plan Stratégique pour la Décarbonation de la filière maritime française se positionne comme une feuille de route opérationnelle. Il vise à structurer l’action collective et coordonner les investissements nécessaires.
Trois objectifs pour transformer le secteur
Le plan stratégique de la filière s’articule autour de trois grands objectifs. Chacun d’entre eux est décliné en actions concrètes et chiffré :
- Déployer et exploiter des navires décarbonés 👉 Mobiliser le savoir-faire français pour concevoir, construire et opérer une nouvelle génération de navires (représente environ 60 à 70 % des coûts estimés du plan)
- Transformer les ports pour les adapter aux énergies propres 👉Développer à quai des capacités de branchement électrique à quai, de rechargement et d’avitaillement (représente 15 à 25 % des coûts)
- Renforcer la production d’énergies bas-carbone et les équipements associés 👉 Soutenir l’innovation et le transfert technologique (représente 10 à 20 % des coûts).
Au total, le coût de ce plan est estimé à 14 milliards d’euros sur dix ans. Son financement repose sur un co-investissement public-privé : 50 % d’investissements privés, 25 % des fonds ETS (la « bourse du carbone » européenne), 15 % du soutien de l’Etat et 10 % du soutien européen.
> Pour en savoir plus :
Consultez l’intégralité du plan stratégique de décarbonation du maritime
Des initiatives déjà en marche… en Bretagne !
Cette stratégie capitalise avant tout sur l’expertise française. De nombreuses initiatives sont en effet à l’oeuvre pour favoriser la transition du secteur maritime, notamment en Bretagne. Je pense en particulier au nouveau navire de la Brittany Ferries, le Saint-Malo. Inauguré le 31 janvier 2025, il s’agit du premier grand ferry européen décarboné fonctionnant sur la base d’un système de propulsion hybride GNL-électrique.
Autre initiative remarquable, celle de la start-up brestoise Bluefins, que j’ai pu découvrir le 24 février dernier. En partenariat avec l’IFREMER, l’entreprise a développé une nageoire robotisée permettant de réduire de 20 % la consommation de carburant d’un navire équipé.
Bravo à tous les acteurs engagés aux côtés des pouvoirs publics pour accélérer la transition énergétique du secteur maritime. Collectivement, on avance !
> Sur la décarbonation du secteur maritime, à relire :
Test grandeur nature pour la solution innovante Bluefins – 24 février 2025
Le Saint-Malo prend le large – 31 janvier 2025
Le premier ferry européen décarboné bat pavillon français – 5 décembre 2024
Inauguration du nouveau siège du SHOM – 3 décembre 2024
Edition 2024 des Assises de l’économie de la mer – 20 novembre 2024
Ma tribune – conforter l’avenir maritime de la France – 29 août 2024
– 12 mai 2025 –
