Mardi 15 juillet, le Premier Ministre a dévoilé son plan en vue de résorber la dette française. Ces annonces font suite au comité d’alerte du 15 avril dernier, lors duquel le Gouvernement avait dressé un état des lieux extrêmement préoccupant de nos finances publiques et esquissé plusieurs pistes de travail.
Les propositions gouvernementales s’articulent autour de deux axes :
👉 Contrôler la dépense publique, via un plan baptisé « Stop à la dette » ;
👉 Redynamiser la production, dans le cadre du plan « En avant la production ».
Le Gouvernement a, par ailleurs, réaffirmer sa volonté de garantir un effort équitablement réparti, tout en préservant la compétitivité de notre économie.
Face à l’ampleur de la dette, je partage l’idée qu’un effort de redressement des comptes publics est indispensable. Un pays lourdement endetté ne peut, en effet, prétendre à une véritable indépendance.
> Pour en savoir :
Lien vers la présentation du Gouvernement
Lien vers le dossier de presse du Gouvernement
💡Quel est le contexte budgétaire ?
La dette de la France représente aujourd’hui plus de 3 300 milliards d’euros.
Depuis 50 ans, nous n’avons plus de budget à l’équilibre. Cela s’explique par deux grands facteurs :
♦ Nous dépensons trop par rapport à nos recettes, ce qui nous amène à être en constant déficit. En 2025, notre déficit est évalué à 5,8%, soit 168,6 milliards d’euros.
♦ Nous ne produisons pas suffisamment. Cela se traduit par une balance commerciale négative, a contrario de nos voisins italiens et allemands.
En outre, un nouvel élément est à prendre en compte dans cette délicate équation budgétaire : nous devons accélérer le réarmement de la France pour garantir notre souveraineté et notre sécurité, ce qui conduit à une augmentation des crédits du budget de la défense.
« Stop à la dette »
Le Premier ministre a présenté une trajectoire de diminution de déficit public sur quatre ans. Aujourd’hui de l’ordre 5,8 %, il s’afficherait à 4,6 % en 2026, 4,1 % en 2027, puis 3,4 % en 2028 pour atteindre 2,8 % en 2029.
En 2026, l’effort pour réduire le déficit public en 2026 est de 43,8 milliards d’euros.
Maîtrise de la dépense publique => 20,8 milliards d’euros
Il s’agit de contenir de manière pérenne la progression des dépenses de l’Etat, des collectivités et de notre système social.
→ Effort sur les dépenses de l’Etat et ses opérateurs
Les dépenses de l’Etat en 2026 seront gelées au niveau de celles de 2025, avec un effort axé sur les frais de onctionnement et d’interventions. Sont exemptés de ce gel l’augmentation de la charge de la dette et les dépenses supplémentaires pour le budget des armées, au vu du contexte géopolitique. Une augmentation des moyens dédiés à notre défense que nous avions d’ailleurs appelée de nos vœux dans une récente tribune.
L’économie réalisée sur ce volet serait de l’ordre de 4,8 milliards d’euros. En complément, un gain de 5,2 milliards d’euros est espéré grâce à une réorganisation des opérateurs de l’Etat.
→ Participation ajustée des collectivités
Le Premier ministre a annoncé une hausse maîtrisée des dépenses ces collectivités locales, permettant ainsi une économie de 5,3 milliards d’euros. Un effort qui sera réparti de façon équitable entre les collectivités, au regard de leur situation financière.
→ Modération des dépenses sociales
Notre modèle social, auquel nous sommes profondément attachés, fait face à de grands défis : un déficit croissant de la Sécurité sociale et le vieillissement accéléré de notre population.
Il est impératif de reprendre la maîtrise de nos dépenses de santé ; non pas pour affaiblir notre système, mais pour le préserver durablement, dans un esprit de responsabilité collective.
C’est pourquoi le Premier ministre a annoncé 5,5 milliards d’euros d’économies sur les dépenses sociales. Cela vise à garantir la pérennité et la soutenabilité de notre modèle.
Sans action, les dépenses de santé augmenteraient mécaniquement de 10 milliards d’euros dès 2026. L’objectif est donc clair : limiter cette hausse de moitié grâce à un effort ciblé.
Ci-dessous un graphique qui illustre la trajectoire naturelle d’augmentation des dépenses de santé et la trajectoire maîtrisée que le Gouvernement entend suivre :
Pour réaliser ces économies, le Gouvernement propose :
♦ de responsabiliser davantage les patients, notamment en développant la prévention. Autre piste sur la table, rendre le dossier médical partagé obligatoire, pour mieux contrôler les examens médicaux et les rendez-vous.
♦ de réformer des affections de longue durée. Il s’agit de sortir du remboursement intégral les médicaments sans lien avec l’affection déclarée ou à faible effet médical, ainsi que de sortir de ce statut les patients dont l’état de santé ne le justifie plus. Cette réforme était préconisée par la Cour des comptes dans son rapport de juin dernier.
♦ de lutter contre l’explosion des arrêts maladies. Depuis la crise sanitaire, ces derniers ont augmenté de 6 % par an.
Année blanche => 7,1 milliards d’euros
Le principe de l’année blanche est de reconduire à l’identique certaines dépenses de l’Etat, sans tenir compte du niveau d’inflation.
→ Un gel qui concerne les prestations sociales, les pensions de retraite et le niveau de l’impôt sur le revenu. A l’appui de cette proposition, le Gouvernement indique que « sa mise en œuvre sera rendue acceptable par la baisse rapide de l’inflation observée ces derniers mois ».
Des mesures de justice sociale et fiscale pour s’assurer que l’effort est équitable => 9,9 milliards d’euros
Ce volet comprend tout d’abord un plan global de lutte contre la fraude. Il cible la fraude fiscale, la fraude aux aides publiques et la fraude à la dépense de santé. Le Parlement examinera à l’automne un projet de loi visant à renforcer les outils de détection, de sanction et de recouvrement (sur ce sujet, à revoir mon échange avec l’URSSAF Bretagne le 8 novembre dernier).
Par ailleurs, le Gouvernement annonce une révision des niches fiscales et sociales. A notamment été évoqué la remise à plat de l’abattement de 10% pour le calcul de l’impôt sur le revenu pour frais professionnels sur les pensions de retraite. Afin de ne pas pénaliser les pensionnés les plus modestes, cet avantage sera remplacé par un forfait annuel de 2 000 euros.
Les plus hauts revenus seront également mis à contribution. Au moins 2 milliards d’euros sont attendus de cet impôt, qui toucherait les contribuables disposant de plus de 250 000 euros de revenus.
L’Exécutif prévoit, en outre, de s’attaquer à certaines pratiques abusives d’optimisation fiscale, liées aux patrimoines non productifs.
Enfin, une taxe sur les petits colis sera instaurée pour encourager les circuits courts et soutenir le commerce de proximité.
« En avant la production »
Travailler plus nombreux, davantage et mieux
Le Gouvernement suggère de supprimer deux jours féries sur les onze existants. Une décision qui part notamment du constat que le nombre d’heures travaillées par habitant en France est beaucoup plus faible que dans d’autres pays comparable. Une telle réforme est susceptible de rapporter à terme 4,2 milliards d’euros par an. Ses modalités de mise en œuvre doivent faire l’objet d’une discussion entre les syndicats de salariés et les représentants du patronat.
Par ailleurs, des réformes structurelles sur le travail seront engagées. Elles visent d’une part à moderniser le marché de l’emploi et améliorer la qualité du travail, d’autre part à inciter à une reprise d’emploi plus rapide (réforme de l’assurance chômage). Ces propositions seront également soumises aux partenaires sociaux dans les prochains jours.
Enfin, pour donner plus de lisibilité à notre système d’aide, le Premier ministre a annoncé la création de l’allocation sociale unifiée. Un projet de loi en ce sens sera déposé avant la fin de l’année.
Allègement et simplification des procédures bureaucratiques
Dès cet été, en lien avec le monde économique, une liste de simplification et d’allègement sera élaborée. Avec notamment un principe « donnant-donnant » : plus de liberté, de simplification et de confiance en contrepartie de moins de subvention.
Renforcer notre compétitivité
Plusieurs mesures visent à soutenir la compétitivité de notre économie, notamment dans les secteurs de l’énergie et de l’innovation.
Le Gouvernement souhaite également mobiliser la commande publique au service de notre économie nationale, en veillant à ce qu’elle bénéficie davantage aux entreprises françaises. L’un des projets majeurs consiste à faire évoluer les règles européennes afin d’instaurer une véritable préférence européenne. Objectif : soutenir les produits et l’industrie de l’Union européenne, et mieux défendre nos intérêts économiques face à la concurrence internationale.
Les annonces du Premier Ministre constitueront la base des discussions du projet de loi de finances pour 2026, qui sera examiné à l’automne à l’Assemblée nationale. Je m’impliquerai pleinement dans ces travaux, avec une attention particulière sur le volet « Travail et Emploi », pour lequel je suis chargé d’élaborer l’avis de la Commission des affaires sociales.
> Sur ce sujet :
PLF 2026 : je suis rapporteur de la mission travail et emploi – article blog du 4 juillet 2025
Comité d’alerte du Gouvernement – 15 avril 2025
– 15 juillet 2025 –