Lundi 1er septembre, j’ai reçu à ma permanence parlementaire des représentants des structures de l’insertion par l’activité économique (IAE). La délégation était composée de Dorothée Dubreuck, responsable du pôle IAE de l’association Rubalise 29, de Laurent Porhel , directeur général du groupe SATO et Président de la Fédération des entreprises d’insertion Bretagne, ainsi que de Damien Prod’homme, délégué régional de Chantier Ecole Bretagne.
A l’approche de l’examen par le Parlement du budget 2026, les acteurs de l’insertion par l’économique souhaitaient faire un point sur la situation économique du secteur.
=> Les crédits affectés à l’IAE relèvent en effet de la mission « travail et emploi » du projet de loi de finances pour 2026, pour laquelle j’ai été nommé rapporteur pour avis pour la 2ème année consécutive.
> 📎Sur ce sujet :
Ce temps d’échanges s’inscrit, par ailleurs, dans la continuité des rencontres que j’ai régulièrement avec les structures locales de l’IAE. J’avais notamment eu l’occasion d’échanger avec elles en novembre 2024, lors de la préparation du budget 2025.
> 📎A relire :
Echanges avec les acteurs de l’insertion par l’activité économique – 8 novembre 2024
💡Qu’est-ce que l’Insertion par l’Activité Économique (IAE) ?
L’IAE s’adresse aux personnes particulièrement éloignées de l’emploi, rencontrant des difficultés sociales et professionnelles importantes (chômeurs de longue durée, personnes qui perçoivent les minimas sociaux entre autres). Elles sont embauchées sur une durée déterminée par la structure d’insertion et bénéficient, dans ce cadre, d’un accompagnement renforcé.
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L’objectif du dispositif est de leur remettre « le pied à l’étrier » et ainsi, qu’à l’issue de ce parcours d’insertion, les personnes puissent accéder à un emploi durable, sur le marché du travail dit classique.
A noter qu’il existe différents types de structures d’insertion. Le choix de l’entité dépend de plusieurs facteurs : la situation personnelle de l’individu, la nature de ses difficultés, son degré d’autonomie mais aussi le secteur d’activité visé.
> Pour en savoir plus :
En quoi consiste l’IAE – site du Gouvernement
Point sur les fonds budgétaires en soutien à l’IAE
=> D’un point de vue technique, les crédits dédiés à l’IAE s’inscrivent dans deux programmes du budget « travail et emploi » du projet de loi de finances :
♦ Le programme 102, « favoriser l’accès ou le retour à l’emploi des demandeurs d’emploi », couvre notamment les aides au poste.
♦ Le programme 103, dédié à l’accompagnement des mutations économiques et au développement de l’emploi, finance entre autres la formation des salariés en insertion.
Des aides au poste stables
S’agissant du volet « aides au poste », nous avons collectivement constaté qu’en dépit du contexte budgétaire contraint de la loi de finances pour 2025, les crédits ont été à peu près stabilisés (ce poste budgétaire a subi une légère baisse de 4 %). Mes interlocuteurs plaident pour une augmentation des fonds en 2026 ou, a minima, une sanctuarisation du budget 2025.
=> A l’appui de cette demande, ils font valoir l’évolution des profils. Le public accueilli est de plus en plus précarisé, cumulant des difficultés liées à la mobilité, au logement, à la santé. Les acteurs de l’insertion constatent un glissement progressif de leur cœur de métier, le socio-professionnel, vers l’accompagnement social.
Alerte sur le budget « formation »
Concernant le second volet du financement – celui de la formation-, la délégation déplore la baisse marquée en 2025 (le programme 103 a diminué de 19 %). Les plans d’investissement dans les compétences, destinés à améliorer la reconnaissance des compétences et des qualifications, ont été profondément impactés par cette coupe budgétaire.
Or, Damien Prod’homme souligne que la formation est un levier essentiel pour le retour à l’emploi. L’IAE repose en effet sur trois piliers :
♦ la mise en situation professionnelle ;
♦ l’accompagnement professionnel et social ;
♦ la mobilisation d’actions de formation.
= > J’ai indiqué à mes interlocuteurs qu’à mon sens, l’action de l’Etat doit être prioritairement ciblée vers les publics les plus fragiles, tout particulièrement dans ce contexte de taux de chômage reste relativement bas. L’IAE a donc plus que jamais sa place, en lien avec les ambitions portées par la loi pour le plein emploi, notamment en matière d’accompagnement renforcé des allocataires du RSA.
> 📎Sur ce sujet :
Loi Plein emploi : où en sommes-nous ? mon échange avec France Travail – 6 juin 2025
L’IAE à Brest : constats de terrain et perspectives
Laurent Porhel, dont j’avais visité la structure en début d’année, a dressé un état des lieux de la situation sur le pays de Brest (au sens large).
=>Sur ce territoire, ce sont environ 1 400 personnes sont accompagnées par les acteurs de l’insertion. Ces derniers sont principalement implantés dans la ville de Brest mais on peut également mentionner d’autres structures très actives, telles que l’AGDE et Rail Emploi Services, situées sur la partie « rurale » de la circonscription et avec qui j’ai des contacts réguliers. Le groupe Tribord, dont le centre de tri est implanté à Gouesnou et que j’ai récemment visité, est également un acteur important de l’inclusion sur le pays de Brest.
La délégation m’a, par ailleurs, alerté sur la situation délicate de certaines branches d’activités, en particulier le textile et le recyclage des déchets. J’avais d’ailleurs relayé ces inquiétudes auprès du Gouvernement en juin dernier (sur ce sujet : ma question écrite n°7735).
En outre, le contexte politique incertain crée un manque de visibilité et est source d’une forme d’attentisme de certaines collectivités territoriales. Cela freine les dynamiques locales et l’activité des structures d’insertion en lien avec les communes.
Penser l’insertion comme un investissement
Plus largement, mes interlocuteurs souhaitent que l’État ne se limite pas à une lecture « comptable » des dépenses liées à l’IAE, mais qu’il en reconnaisse les retombées positives à long terme. Ils appellent à considérer l’insertion comme un véritable investissement. Ce dispositif est générateur de contributions économiques et de coûts évités pour la Nation — notamment en matière d’allocations sociales ou de chômage.
La délégation a également souligné l’importance sociale de l’IAE. En effet, les personnes en parcours d’insertion sont des salariées à part entière, en situation réelle de travail. Cette reconnaissance par le statut salarié contribue à valoriser leur place au sein de la société.
Merci pour ce temps d’échanges ! Je serai attentif aux moyens dédiés à l’IAE dans le cadre de l’examen du budget.
> Sur le sujet de l’insertion :
Au centre de tri du groupe Tribord – 11 avril 2025
Avec le GEIQ BTP, les entreprises locales misent sur l’insertion – 28 février 2025
Visite des locaux du groupe SATO – 9 janvier 2025
Echanges avec les structures locales de l’insertion par l’activité économique – 8 novembre 2024
– 1er septembre 2025 –