Vendredi 12 septembre après-midi, j’ai eu le plaisir de me rendre dans les locaux de l’IPEV (Institut polaire français Paul-Emile Victor), situés sur le Technopôle Brest Iroise à Plouzané.
Auparavant directeur des expéditions scientifiques de l’IPEV, Monsieur David Renault a endossé mi-juillet ses nouvelles fonctions de directeur général de l’institut.
=> Je tenais m’entretenir avec lui sur les grands enjeux que l’IPEV doit relever.
La 3ème circonscription, siège de l’excellence polaire !
Si la 3ème circonscription brille par son rayonnement maritime, un autre joyau scientifique français reste trop souvent dans l’ombre : l’Institut polaire français Paul-Émile Victor, acteur central de la recherche polaire.
Pourtant, notre recherche polaire se place au 3ème rang mondial en termes de publications scientifiques ! En outre, la France est seule nation au monde à avoir des infrastructures de recherche au Nord (dans l’Arctique) et au Sud (les îles subantarctiques, composées de l’archipel de Crozet, de l’archipel Kerguelen, des îles Amsterdam et Saint Paul ainsi que l’Antarctique).
La stratégie polaire française doit être ambitieuse, tant les enjeux sont colossaux, que soit au niveau climatique, scientifique mais aussi géopolitique.
C’est notamment l’ambition portée par le groupe d’études « région polaire » de l’Assemblée nationale et dont je suis membre. Celui-ci se réunit régulièrement et travaille sur la stratégie de développement de la recherche française dans les régions polaires.
🖇️ Compte-rendu de la réunion du groupe d’études régions polaires – article du 5 février 2025
L’expertise reconnue de l’IPEV
Crée en 1992, l’IPEV est chargé de la mise en œuvre de la recherche scientifique française dans la région polaire. Il compte 53 salariés au siège et 170 techniciens et logisticiens sur le terrain.
L’institut conduit plusieurs missions pour permettre le déploiement de ces projets scientifiques :
💡Il sélectionne les projets scientifiques. Ces derniers sont instruits par un conseil scientifique et évalués sur la base de plusieurs critères (intérêt scientifique, calendrier, coûts, faisabilité notamment). Très majoritairement, il s’agit de projets pluriannuels d’une durée de 4 ans.
💡Il coordonne les expéditions.
💡Il fournit l’appui aux expéditions sur les six bases françaises , en organisant le transport des scientifiques et l’acheminement du matériel ;
💡 Il met à disposition des chercheurs des infrastructures d’accueil (gestion et entretien des bases, maintenance des équipements scientifiques).
En parallèle, l’IPEV participe à la diffusion de l’information scientifique sur ce domaine, au niveau national mais aussi international. Il collabore également étroitement avec ses homologues étrangers.
=> L’institut a mené l’année dernière 82 projets de recherche scientifique. Cela représente environ :
- 360 personnes de mobilisées ;
- 40 000 jours par an sur le terrain dans le régions polaires ;
- 450 tonnes de matériel acheminé.
Une nouvelle dynamique pour l’IPEV
Un modèle économique fragile
Si l’expertise logistique de l’IPEV est unanimement reconnue, l’institut rencontre depuis plusieurs années d’importantes difficultés structurelles, au niveau de sa gouvernance et de son modèle économique. J’avais notamment eu l’occasion de relayer ces alertes au Gouvernement.
> 🖇️ Article du Télégramme – 1er juillet 2025
Le déficit, qui s’élève en moyenne à 4 millions d’euros par an, menace aujourd’hui la capacité de l’IPEV à remplir ses missions essentielles. Intervenir dans ces milieux extrêmes et difficilement accessibles requiert des moyens logistiques importants et des compétences pointues. Mais faute de ressources suffisantes, l’institut a dû réduire la voilure de ses expéditions ; l’impact a été majeur sur la collecte de données m’alerte Monsieur Renault.
=> Il était donc plus qu’urgent de repenser la gouvernance et de sécuriser les financements, afin de garantir à l’IPEV les moyens de ses ambitions.
Vers une alliance stratégique avec l’IFREMER
Début juillet, le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche a engagé un processus visant l’affiliation administrative de l’IPEV à l’Ifremer. David Renault m’a détaillé les objectifs et les bénéfices attendus de cette intégration.
- de bénéficier de plus de moyens via la mutualisation ;
- de renforcer la gouvernance de l’institut ;
- de sécuriser son modèle financier .
Elle offre également des perspectives scientifiques majeures, en favorisant les synergies entre les deux instituts, amplifiant ainsi le potentiel de la recherche française dans les zones polaires.
Par ailleurs, l’IPEV obtiendra le label de très grande infrastructure de recherche (IR*), ouvrant ainsi l’accès à de nouveaux appels d’offres et à des financements supplémentaires.
En outre, et face aux craintes qui ont pu être exprimées, le directeur a souligné que cette affiliation était bien respectueuse de l’identité et des missions de l’IPEV. Celui-ci conservera son intégrité opérationnelle, sa visibilité et son personnel.
La date effective de ce changement juridique est prévue au 31 décembre 2026.
Un grand merci à Monsieur Renaut pour cet entretien ! Il peut compter sur mon soutien dans tout ce processus de transformation.
– 12 septembre 2025 –