Ce lundi 26 mai, l’Assemblée nationale devait examiner la proposition de loi Duplomb, qui vise à lever certaines contraintes pesant sur le quotidien de nos agriculteurs. Son objectif ? Alléger la pression réglementaire, simplifier les démarches, et surtout permettre aux agriculteurs de vivre dignement de leur travail.
Loi Duplomb : J’ai voté la motion de rejet
Mais une partie de la gauche – dans une stratégie d’obstruction – a choisi de bloquer le débat en déposant plus de 2 500 amendements ! Face à cette manœuvre visant à empêcher le texte d’avancer, j’ai voté la motion de rejet. La motion de rejet est le seul moyen pour cette loi – essentielle pour l’avenir de notre agriculture – d’aller au bout.
Après la crise agricole de 2023-2024, il faut maintenant respecter les promesses. Nos agriculteurs méritent mieux que des blocages politiques. Ils attendent des solutions concrètes. Trop souvent caricaturée, cette loi répond ainsi aux revendications claires exprimées sur le terrain. Elle ne réintroduit pas les néonicotinoïdes de façon généralisée : elle prévoit une dérogation temporaire, très encadrée, pour une molécule déjà autorisée en Europe : l’acétamipride, qui est un insecticide de la famille des néonicotinoïdes, interdit en France depuis 2018, mais autorisé partout en Europe jusqu’en 2033. A l’issue de la crise de 2023-2024, le ministre de l’agriculture et le Premier ministre de l’époque avaient bien validé le principe suivant : « pas d’interdiction sans solution ». Or, sans l’acétamipride, il n’y a – à ce jour – pas de solutions pour lutter contre les ravageurs.
Pendant ce temps, les importations continuent d’exploser
- 20 % de notre alimentation est importée déjà
- 30 % des produits laitiers consommés en France viennent de l’étranger
- 2/3 des tomates sont importées (80 % du Maroc)
- 50 % des légumes régulièrement consommés sont importés
- 30 % de la viande (et 50 % du poulet) sont désormais importés
- Les importations agricoles ont doublé entre 2000 et 2020.
Est-ce vraiment le modèle que nous voulons demain ?
Il faut bien comprendre que tout ce qui n’est pas produit en France est importé des pays où les normes sociales et environnementales sont moins-disantes. Est-ce vraiment le modèle que nous voulons demain ? Des produits importés, de moins bonne qualité avec une traçabilité sanitaire moindre pour ceux qui ont un pouvoir d’achat limité et pour les autres, pour les plus fortunés, des produits bio vendus plus cher…
Aujourd’hui, notre agriculture détient un des meilleurs indices de durabilité. C’est un atout que nous devons défendre.
Les progrès que nous devons collectivement soutenir !
Cette loi prévoit également un allègement pour les ICPE (installations classées pour la protection de l’environnement). Concrètement, cela va permettre de faciliter la modernisation des élevages, un enjeu crucial pour notre agriculture en Bretagne et dans le Finistère, confrontée au renouvellement des générations. À l’horizon 2030, en France, un agriculteur sur deux partira à la retraite. Or, s’ils n’investissent pas au sein de leur exploitation, ils ne trouveront pas d’acquéreurs. Un élevage moderne, c’est un élevage plus attractif, à la fois pour ceux qui veulent s’installer, mais aussi pour le salarié, dans un secteur qui – on le sait – peine déjà à recruter !
Enfin et surtout, un éleveur qui peut faire de travaux d’agrandissement sur son exploitation pour la rendre plus moderne, c’est un élevage plus respectueux des normes environnementales et du bien-être animal.
C’est bien le paradoxe porté par les détracteurs de cette loi, qui freinent en réalité les progrès que nous devons collectivement soutenir.
Permettre à nos producteurs de rester debout
L’objectif de cette loi est bien de répondre à la compétitivité des agriculteurs Français, à la souveraineté alimentaire, aux revendication exprimées lors du conflit de 2023, où l’ensemble de la classe politique – faut-il le rappeler ? – était mobilisé derrière les producteurs agricoles !
Nos modèles n’ont rien à voir avec les élevages des autres pays !
Certains agitent la peur d’une « agriculture industrielle ». En réalité, en Bretagne, 99 % des exploitations sont à capitaux familiaux, avec en moyenne un ou deux salariés. Nos modèles n’ont rien à voir avec les élevages des autres pays !
- La taille moyenne des exploitations de porcs en France, c’est 246 truies, contre 810 au Danemark et 1240 en Espagne.
- En volaille, en Ukraine se trouvent des élevages de poulets avec 40 millions de poulets au sein d’un même élevage, quand nous, en Bretagne, des collectifs se battent contre des constructions de poulaillers de 3000 têtes.
- Récemment encore, dans le Finistère, un collectif s’opposait à l’extension d’une exploitation porcine de 160 truies, très loin des modèles très intensifs et industriels en Chine et aux Etats-Unis, ou au plus près de nous, en Espagne ou en Pologne.
Soutenir cette loi, ce n’est pas choisir entre écologie et agriculture, c’est permettre à nos producteurs de rester debout, de rester compétitifs, et de préserver notre souveraineté alimentaire, c’est-à-dire continuer d’offrir des produits agricoles et agroalimentaires de qualité au plus grand nombre et au meilleur rapport qualité prix.
Déjà en 2023, je signais une tribune « Pêche et agriculture : même combat pour la souveraineté alimentaire »
– 26 mai 2025 –