Vers un Shom 4.0
Mardi 3 décembre, j’ai assisté à l’inauguration du nouveau siège du Service Hydrographique et Océanographique de la Marine (Shom) à Brest, à l’invitation de son directeur général Laurent Kerléguer. J’ai également eu le plaisir d’y retrouver le Président du Conseil départemental Maël de Calan et Michel Gourtay, vice-président de Brest Métropole en charge de l’économie et Président du Technopôle Brest Iroise.
Le Shom est un acteur à part entière du Campus de la Mer, cet écosystème dédié à la recherche, à l’innovation et à l’économie maritime florissant sur la pointe bretonne.
Durant cette matinée, nous avons pu découvrir le nouveau bâtiment et échanger avec les équipes sur les différentes missions menées par l’établissement.
> A revoir : ma visite du Shom – article blog de juillet 2020
Le Shom, la référence du milieu marin et du littoral
Héritier du premier service hydrographique au monde (il a célébré ses 300 ans en 2020!), le Shom a développé une expertise de renommée internationale qu’il s’efforce toujours d’affiner.
Connaître et anticiper
La première mission de l’établissement est d’avoir une connaissance fine de l’existant, via une caractérisation complète de l’environnement marin. En se basant sur toutes ces données, et à la lumière des différents enjeux – en particulier climatique et géopolitique -, il anticipe l’évolution de cet environnement.
Un outil d’aide à la décision stratégique
Grâce à ses activités d’observation et de projection, le Shom collecte et analyse de nombreuses données scientifiques marines. Par la mise à disposition de celles-ci, il éclaire la décision des acteurs publics au bénéfice de quatre grands défis contemporains :
- Rester compétitif sur les plans de la recherche et de l’innovation maritime ;
- Préserver notre souveraineté militaire ;
- Lutter contre le dérèglement climatique ;
- Accélérer notre transition énergétique.
Des travaux à l’avant-garde
La question de la fiabilité de la donnée, de sa plus-value est l’une des priorités de l’établissement. Avec en parallèle le souci d’être toujours le plus réactif possible. Une telle ambition impose d’être en capacité de renouveler l’acquisition des données, d’accélérer son cycle de production mais aussi d’améliorer la connaissance, la précision et le traitement de celles-ci. Dans ce cadre, il développe de nombreux outils exploratoires et prédictifs. à l’image des simulations numériques, en s’appuyant notamment sur l’intelligence artificielle.
« Nous considérons la donnée comme un véritable actif stratégique, garant de l’autonomie de la décision et de l’indépendance nationale »
Laurent Kerléguer, directeur général du Shom (extrait du rapport annuel 2023 du Shom)
Une politique de recrutement innovante
Toutes ces ambitions seraient vaines sans une équipe à la hauteur ! Ces activités requièrent en effet un haut degré de technicité et de connaissance. Le Shom emploie 550 personnes dont environ 200 sur son siège à Brest. Pour attirer de nouvelles recrues et fidéliser ses salariés, l’établissement a engagé des actions autour de sa « marque employeur », s’attachant entre autres à la qualité de vie au travail. En outre, il multiplie les initiatives en faveur de l’égalité entre les femmes et les hommes ainsi que l’inclusion.
Une expertise au service d’enjeux stratégiques et opérationnels
Originellement centré sur le domaine militaire et la sureté de la navigation, le Shom a vu ses missions progressivement prendre de l’ampleur. Aujourd’hui, ses travaux s’appliquent concrètement à trois domaines.
→ La défense
A l’heure où l’on observe une affirmation marquée des souverainetés, le Shom est un soutien essentiel à la marine nationale. Les connaissances engrangées et les modèles de prédiction développés permettent aux autorités militaires de préparer et de conduire leurs différentes opérations. La loi de programmation militaire 2024-2030, votée en 2023, a d’ailleurs confirmé cette ambition.
« Une marine de combat moderne a besoin d’un SHOM performant »
Christophe Mauriez, secrétaire général pour l’administration du Ministère des Armées
→La navigation maritime
Pour satisfaire les besoins de la navigation de surface et renforcer la sécurité maritime, le Shom a déployé divers produits et services. A l’instar de « Nav&Co » : cette application diffuse toute une série d’informations utiles aux navigateurs et pêcheurs. Il participe également étroitement à l’élaboration et à l’actualisation des cartes marines.
→ La gestion des risques climatiques et l’économie bleue
Elévation du niveau de la mer, intensification des catastrophes météorologiques… L’impact du changement climatique est suivi de près par l’institution. Depuis la tempête Xynthia, elle est fortement impliquée dans la question de la submersion marine et accompagne l’Etat ainsi que les collectivités territoriales du littoral dans l’anticipation et la gestion de ce risque. Pour ce faire, le Shom a développé des capacités d’observation et de modélisation, avec des scénarios numérique spécifiques. Des outils crées en lien avec des universités et des acteurs locaux tels que l’IFREMER ou encore le CEDRE.
En outre, le Shom appuie l’Etat dans sa politique de transition énergétique. Il contribue au choix d’implantation des énergies marines renouvelables ou encore à la décarbonation des navires.
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C’est l’une des singularités de l’institution, de répondre à la fois à des besoins civils et militaires.
Des équipements de pointe
Le nouveau bâtiment de 3000 m2 que nous avons découvert permet de réunir des services anciennement dispersés, offrant ainsi de meilleures conditions de travail aux salariés. Les travaux, d’une durée de deux ans, se sont élevés à 10,7 millions. Ils ont été en totalité auto-financés par l’institution.
Ce projet n’est que le premier d’une longue liste de rénovation et de construction d’équipements sur le site. Un nouveau laboratoire de métrologie devrait également bientôt voir le jour.
=> L’objectif : devenir un « SHOM 4.0 », confortant ainsi son expertise et son rôle de trait d’union entre la marine nationale, les acteurs de l’économie bleue, et les autres usagers de l’espace maritime.
> Pour aller plus loin sur les enjeux maritimes :
– 3 décembre 2024 –