Didier Le Gac, député La République en Marche de Brest rural, faisait partie du groupe de parlementaires chargés d’enquêter sur le géant laitier mayennais, Lactalis. Il défend l’idée de contrôles plus indépendants chez les industriels et d’une plus grande réactivité des distributeurs.
Le rapport d’enquête parlementaire sur l’affaire Lactalis est rendu ce mercredi 18 juillet 2018. Député de Brest rural, Didier Le Gac a participé aux travaux de la commission. Une implication liée en partie au poids de l’industrie agroalimentaire en Bretagne.
Vous faisiez partie de la commission d’enquête parlementaire sur l’affaire Lactalis, qui vient de rendre ses conclusions. Pourquoi vous y êtes vous intéressé ?Didier Le Gac, député la République en marche. J’ai répondu à un appel à candidatures lancés chez les députés. En tant que citoyen, j’avais suivi les développements autour de cette affaire, depuis qu’elle s’est déclenchée durant l’hiver dernier. Et puis, vu le poids de l’agroalimentaire en Bretagne et dans la circonscription de Brest rural, il était normal que je m’y intéresse. De plus, j’ai longtemps siégé comme administrateur du laboratoire public départemental d’analyses.
Justement, le rapport de la commission d’enquête pointe les relations entre le laboratoire privé chargé des analyses pour Lactalis et l’industriel concerné… Oui. On est là au cœur de l’affaire. Quand un laboratoire réalise 90 à 95 % de son chiffre d’affaires avec un seul client, cela pose question. C’est pour cela que, parmi les 42 propositions que nous faisons, nous avons inscrit l’obligation, en cas de contrôles positifs, de les transmettre à l’administration pour qu’elle puisse intervenir à son tour.
Au-delà de cette proposition, lesquelles vous paraissent les plus importantes ? Le rapport est décliné en quatre thèmes. Nous devons renforcer les moyens de contrôle de l’administration. Notamment en instaurant une taxe pesant sur l’industrie agroalimentaire pour financer cet effort. Nous devons aussi mettre un terme à la délégation de responsabilité, qui fait qu’un chef d’entreprise agroalimentaire peut renvoyer sa responsabilité juridique sur un autre en cas de problème.
Et vis-à-vis du consommateur ? Il faut améliorer le blocage des produits en caisse. Quand un produit est rappelé par un industriel, ce qui arrive une centaine de fois dans l’année, il n’est pas normal que des clients puissent encore sortir d’un magasin avec. C’est pourtant ce qui est arrivé dans cette affaire, chez certains distributeurs. Avec les moyens numériques actuels, il ne doit pas être compliqué qu’une alerte se déclenche au moment du passage en caisse avec un produit impropre à la consommation.
Dans le Finistère, la Sill va se doter d’une nouvelle usine de poudre de lait. Elle explique notamment son investissement par la nécessité de faire des travaux dans son usine de Plouvien, qui date de 1973. Le parc industriel agroalimentaire est vieillissant, selon vous ? Notre commission ne s’est pas attachée aux causes de l’incident dans l’usine de Lactalis à Craon (Mayenne). Nous nous sommes placés du point de vue du consommateur. Il y a vraiment des choses à améliorer de ce côté-là. Quand on sait que, durant toute cette crise, les crèches n’ont jamais reçu la moindre information, cela donne des sueurs froides…
Quelles suites pour ce rapport ? Certaines dispositions feront l’objet d’une proposition de loi d’ici la fin de l’année, d’autres seront intégrées à la future loi de finances pour 2019, d’autres iront aux oubliettes. Cela signifie tout de même que moins d’un an après le déclenchement de la crise, le Parlement aura réagi…