Aux côtés des acteurs de la mer lors des Universités Breizhmer
Ce vendredi 18 octobre, j’ai participé à la 6ème édition des Universités de l’Association Breizhmer. Elles se déroulaient cette année en pays bigouden, à Pont-l’Abbé.
Un événement incontournable pour prendre le pouls de la filière halieutique et aller à la rencontre des professionnels, fragilisés par les crises à répétition, injustement stigmatisés.
J’ai toujours eu le souci d’être à l’écoute de ce secteur, sur le terrain comme lors de la crise que les ligneurs ont traversée fin 2023, également lors des rencontres de la profession telles que les Assises de l’Economie de la Mer.
La raison d’être de Breizhmer : défendre les produits de la mer bretons
L’Association Breizhmer est co-présidée par Laurence Querrien, Olivier Le Nezet et Jean-René Cadalen*. Animée par Isabelle Thomas et son équipe, elle est le porte-voix de l’ensemble des acteurs de la filière des produits de la mer de Bretagne, la pêche, la conchyliculture et le mareyage.
Les Universités Breizhmer sont LE rendez-vous annuel des professionnels et des élus.
De nombreux responsables politiques (le Président du Conseil régional de Bretagne, le Président du Conseil départemental du Finistère, députés, sénateurs, eurodéputés) ont répondu présents pour écouter et échanger avec les professionnels. Des débats riches et sans langue de bois pour cette 6ème édition, marquée également par le lancement d’une campagne de communication pour promouvoir les produits du label Breizhmer.
> Pour en savoir plus : le programme de la 6ème édition des Universités Breizhmer
*Laurence Querrien est ostréicultrice et vice-Présidente du CRCBN (Comité Régional de la Conchyliculture Bretagne Nord). Olivier Le Nézet est Président du CRPMEM (Comité Régional des Pêches Maritimes et des Elevages Marins) et du CNPMEM (Comité National des Pêches maritimes et des Elevages Marins). Jean-René Cadalen est mareyeur et président honoraire de l’ABAPP (Association Bretonne des Acheteurs de Produits de la Pêche).
La Bretagne, première région halieutique française
La filière halieutique est un atout stratégique pour notre pays, notre région et notre département à de multiples égards :
• elle contribue à la souveraineté alimentaire ;
• elle structure notre tissu économique et nos emplois ;
• elle forge notre identité culturelle et patrimoniale ;
• elle est vecteur d’innovation, avec de nombreux projets de recherche (exemple : le Centre de Recherche Appliquée de Breizhmer implanté à Lampaul-Plouarzel) ;
• elle est soucieuse de préserver les éco-systèmes marins, à l’image de son implication dans les programmes de biodiversité tels que le Parc Marin Naturel d’Iroise .
« La pêche bretonne est la plus environnementale du monde ».
Maël de Calan, Président du Conseil départemental du Finistère
J’avais d’ailleurs eu l’occasion de faire découvrir toutes les richesses de la filière halieutique finistérienne à ma collègue de Gironde Sophie Panonacle, membre de la « Team Maritime » à l’Assemblée Nationale, lors d’une journée sur le terrain, à la rencontre des différents acteurs de la circonscription.
« Gros temps dans la filière »
La filière halieutique est à un moment charnière, avec de nombreux défis à relever :
• Au premier rang d’entre eux le renouvellement et la décarbonation de la flotte, les navires ayant un âge moyen de 30 ans.
• La conciliation de l’activité pêche avec la biodiversité est une autre priorité. Il s’agit notamment du dossier particulièrement sensible des captures accidentelles de cétacés, ayant entraîné des fermetures spatio-temporelles, et des décisions relatives aux quotas de pêche.
• La valorisation du produit, alors que près de 80 % des produits consommés en France sont importés.
• Le vieillissement des actifs au sein de la profession et la question de son renouvellement.
• La gouvernance des ports, au regard de l’enchevêtrement des compétences et des acteurs.
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Face à ces enjeux, quelles propositions peut-on imaginer et porter collectivement ?
> A relire : ma tribune sur l’avenir maritime de la France
Pour une « task force pêche française » à Strasbourg et Bruxelles
« C’est l’Union Européenne qui a les clés de l’avenir de la filière ».
Olivier Le Nézet, président du CRPMEM
Le secteur de la pêche présente la caractéristique d’être particulièrement intégré au niveau européen. Le volontarisme des élus locaux et des professionnels se heurtent malheureusement parfois à la règlementation européenne. L’ensemble des acteurs s’accorde sur la nécessité de lever plusieurs verrous, pour aider les entreprises à redevenir compétitives et ainsi engager leur transition :
• sur les jauges, en assouplissant les limitations qui entravent la conception de navires « décarbonés » ;
• sur le renouvellement de la flotte, en autorisant notamment les aides d’Etat pour la construction de nouveaux bateaux.
Les professionnels et eurodéputés déplorent l’absence de contrepoids du Parlement européen face à la Commission européenne. En atteste la fixation des quotas de pêche, une décision qui échappe complètement aux députés.
> Sur ce sujet : quotas de pêche 2024
Pour peser davantage, la voix de la France doit être beaucoup plus forte. Il convient de co-construire une stratégie commune, portée par les élus locaux, les députés européens et le Gouvernement, toujours en lien étroit avec le terrain.
Du Breizhmer dans toutes les assiettes
→ Déployer le label dans la restauration collective
Dans le cadre de ses actions en faveur du « bien-manger », le Conseil régional de Bretagne a engagé des expérimentations dans plusieurs lycées afin de mettre des produits issus de la pêche bretonne dans les assiettes des élèves. Lors de cette table-ronde a été soulignée l’importance d’embarquer toute la chaîne de valeur, en particulier les chefs cuisiniers et les transporteurs. Il s’agit de relever le défi logistique mais aussi d’imaginer des recettes qui puissent convaincre le palais des lycéens.
« L’objectif est de proposer 30 % de produits de pêche fraiche sous le label Breizhmer dans les lycées bretons ».
Gaël Le Meur, conseillère régionale de Bretagne déléguée aux filières halieutiques
→ Sensibiliser les consommateurs
Moment fort de ces universités, le dévoilement de la campagne de communication pour inciter le grand public à consommer des produits labellisés Breizhmer. L’objectif, rappelé par Isabelle Thomas, est de mettre en lumière les produits de la mer et le savoir-faire des marins pêcheurs, des aquaculteurs, des professionnels du mareyage et des récoltants d’algues. Une campagne authentique et de proximité ! Elle s’appuie sur des « vrais » professionnels et sur les valeurs du label : des produits durables, de qualité et locaux.
Agir pour le renouvellement des effectifs
→ Attirer les jeunes générations
Avec une pyramide des âges vieillissante, l’arrivée de jeunes pour faire perdurer les savoir-faire est essentielle. Lors de la table-ronde consacrée aux nouvelles recrues dans la filière sont intervenus deux élèves du lycée maritime du Guilvinec et deux futurs ingénieurs de l’institut d’agronomie de Rennes. Ils ont pu nous faire partager leurs parcours, leurs projets et motivations. Un moment rafraîchissant, avec des jeunes engagés et positifs !
« Pas mal de monde bougent pour nous au-dessus. Ça donne de l’espoir pour la suite »
Corentin Danguy des Deserts, étudiant en BTS au lycée Guilvinec
En parallèle, face aux difficultés de recrutement, la filière se mobilise pour faire connaître ses métiers. L’association Cap Avenir – aujourd’hui active dans le 22 et le 35 et bientôt sur toute la Bretagne – ne ménage pas ses efforts. Elle intervient notamment auprès des collégiens et organise des stages d’immersion pour les personnes en reconversion.
→ Des métiers également « de femmes »
Autre défi majeur, le renforcement de la mixité. Laurence Querrien, vice-Présidente du CRCBN (Comité Régional de la Conchyliculture Bretagne Nord) et Jennifer Leroux, secrétaire générale de l’ABAPP (Association Bretonne des Acheteurs de Produits de la Pêche) animent une Commission mixité. Ses membres ont esquissé plusieurs pistes de travail :
• faciliter l’embarquement des femmes à la pêche ;
• lever les « freins logistiques » (exemple : la complexité de trouver un moyen de garde d’enfants au vu des horaires décalés des métiers) ;
• accompagner les femmes vers des postes à responsabilité.
Face à ces nombreux défis, ces universités témoignent de la capacité des professionnels et des élus à se rassembler autour d’un leitmotiv commun : soutenir la filière. Avec enthousiasme et détermination !
– 21 octobre 2024 –