Présentation de la balise de l’entreprise SeatrackBox
Vendredi 13 décembre, j’ai accueilli à la permanence parlementaire Thibaut Morin, directeur commercial de la société SeatrackBox située à Saint-Alban (Côtes-d’Armor). Il était accompagné par Gaël Le Saout qui conseille l’entreprise dans sa communication. Monsieur Morin souhaitait me présenter la solution inédite développée par SeatrackBox pour suivre les conteneurs maritimes tombés en mer.
La Bretagne fourmille d’innovations dans le domaine maritime. Je suis très attentif à toutes ces solutions émergentes et d’avenir !
Entre 10 000 et 15 000 conteneurs perdus dans la mer
Les prémisses du projet remonte à 2014. Cette année-là, le porte-conteneurs « Svendborg » , secoué par la tempête « Ulla », perd sa marchandise en mer. Sur les 520 caissons disparus tout au long du trajet – et dont 70 au large de la Bretagne -, seulement 12 ont pu être récupérés.
Marqués par cet événement, Christophe Thomas et Thibault Morin creusent le sujet et s’aperçoivent de l’enjeu autour de la perte de conteneurs.
Chaque année, 1500 conteneurs sont déclarés perdus dans le monde. Dans la réalité, ces pertes sont évaluées entre 10 000 et 15 000
(source : centre de ressources sur les pollutions accidentelles en mer).
Or, ces conteneurs perdus en mer présentent de réels dangers :
- pour la navigation, avec des menaces importantes de collision ;
- pour l’environnement, avec des risques de pollution en mer et sur le littoral, en particulier ceux transportant des matières dangereuses.
=> A la lumière de ces éléments, ils décident de concevoir une solution pour tracer les caissons transportés en mer. En 2017 naît ainsi SeatrackBox. Thibaut Morin, directeur commercial, et Christophe Thomas, directeur technique, sont rejoints dans l’aventure entrepreunariale par Alain Beauvy, qui pilote la partie financière.
Pour développer et financer leur projet, ils réalisent plusieurs levées de fond : une première en 2019, qui leur a permis de rédiger le cahier des charges et de déposer le brevet, puis une seconde afin de lancer la fabrication d’un premier prototype. Tout au long de leur parcours, ils bénéficient du soutien de BPI France et du Village By CA 22. Progressivement, au fil des tests de R&D réalisés, SeatrackBox perfectionne son produit. Il est, aujourd’hui, abouti et sur le point d’être commercialisé !
La Seatrackbox : un système de géolocalisation pointu
La solution proposée par l’entreprise repose sur une balise, fixée sur la porte extérieure du conteneur maritime à l’aide d’aimants. Ce boîtier contient différents capteurs dont un système de communication hautement performant qui émet en permanence sa position.
En cas de chute du conteneur, une alerte apparaîtra aussitôt sur l’application SeatrackBox. Cet espace numérique répertorie toutes les informations relatives au conteneur (historique, traçage, contenu, etc.). En plus de sa géolocalisation exacte, le propriétaire de la balise aura connaissance en temps réel de son état, c’est-à-dire s’il a complètement coulé, s’il est en flottaison ou bien à mi-eau.
Il s’agit du seul boîtier au monde capable de tracer un conteneur qui tombe à l’eau.
Grâce à ce dispositif d’alerte et de traçage, tout la chaîne concernée pourra être informée et suivre le conteneur : les autorités maritimes, le transporteur, le propriétaire des marchandises et les assureurs. Il permettra également d’identifier avec précision ce que transporte le conteneur, et ainsi d’évaluer les risques (notamment s’il contient des matières dangereuses et est susceptible d’engendrer de la pollution).
=> Aussi la solution « Seatrackbox » affiche-t-elle de nombreux atouts :
- elle améliore la sécurité maritime et les conditions de navigation, en prévenant les accidents ;
- elle limite les risques de pollution ;
- elle facilite la récupération des conteneurs (quand cela est possible).
Pour en savoir plus , cliquez sur la vidéo ci-dessous réalisée par l’entreprise :
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Un dispositif qui apparaît d’autant plus pertinent au vu de l’ampleur du trafic maritime de marchandises.
Chaque année dans le monde, on recense 500 millions de conteneurs qui transitent dans les ports, dont 6 millions transportant des matières dangereuses.
D’après l’Organisation Maritime Internationale, le transport maritime devrait doubler d’ici à 2050.
Quels sont les perspectives ?
La priorité : se faire connaître
Depuis plus d’un an, l’objectif de l’entreprise est de faire découvrir sa solution aux acteurs gravitant dans le milieu maritime. Elle multiplie les contacts en ce sens.
Elle a notamment eu le privilège de la présenter à l’Organisation Maritime Internationale (OMI) en septembre 2023. L’OMI est une institution des Nations Unies qui a pour mission non seulement d’assurer la sécurité et la sûreté des transports maritimes mais aussi de prévenir la pollution des mers et de l’atmosphère par les navires.
Plus récemment, l’innovation a été mise à l’honneur lors de la Sea Tech Week®, organisée en octobre 2024 au Quartz à Brest. Piloté par le Technopôle Brest Iroise et le Campus Mondial de la Mer, cet événement réunit tous l’écosystème de l’innovation et de la recherche maritime.
Pour l’accompagner dans la promotion de sa solution, l’entreprise peut également s’appuyer sur le Pôle Mer Bretagne Atlantique. L’association apporte un soutien aux acteurs du monde maritime dans leur projet d’innovation.
En parallèle, SeatrackBox a noué des contacts étroits avec les assureurs et armateurs, concernés au premier chef par la problématique.
Lancement de la commercialisation en janvier 2025
L’étape clé à venir est janvier 2025, avec la commercialisation de la balise. Le lancement de la production en série débutera fin mai 2025 , sur Lannion et Brest. La balise sera mise sur le marché à 75 euros par mois par conteneur, un prix incluant la maintenance.
D’abord le marché breton, puis la France et l’international
En termes de stratégie commerciale, l’entreprise vise d’abord le marché breton. Depuis le 1er novembre, une nouvelle campagne de levée de fonds est mise en oeuvre, proposée en exclusivité aux industriels bretons. Ce sont d’ailleurs des industriels bretons qui seront les premiers testeurs ! En effet, en février 2025, trois entreprises costarmoricaines feront livrer leur marchandises avec ce système. Un nouvel essai grandeur nature pour confirmer la fiabilité du produit.
A noter qu’il s’agit d’une innovation 100 % bretonne : la TPE travaille uniquement avec des fournisseurs et prestataires locaux.
SeatrackBox a également en ligne de mire le marché des conteneurs dangereux : ils sont les plus exposés à la perte dans l’eau (car situés au dessus des autres caissons) et leur disparition en mer est porteur de risques majeurs.
A partir de 2026, l’entreprise envisage de déployer sa solution sur le marché français. Puis un nouveau palier à franchir en 2027 : le développement à l’international. Sachant qu’à compter du 1er janvier 2026, tous les armateurs sans exception auront l’obligation de déclarer à l’OMI les conteneurs perdus en mer (aujourd’hui, seule l’Union européenne l’exige). Une nouvelle règlementation salutaire, qui permettra une montée en puissance de cette solution au bénéfice de la sécurité et de la protection de l’espace maritime international.
Un grand merci à Thibaut Morin d’avoir pris l’initiative de me présenter cette innovation !
Il peut compter sur moi pour en faire la promotion.
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