Retrouvez ma dernière tribune parue dans le Télégramme du 19 avril 2023
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Pêche et agriculture : un même combat pour la souveraineté alimentaire
La mobilisation et surtout la grève des marins-pêcheurs, assez rare, nous renvoie, une fois encore, à la question de la souveraineté alimentaire. A terre, comme en mer.
En mer d’abord. Rappelons que 66 % (les 2/3 !) des produits de la mer consommés dans notre pays sont importés alors que nous avons pourtant l’un des linéaires côtiers le plus long d’Europe et la deuxième Zone Economique Exclusive du monde ! Malgré cela, certains veulent mettre la mer sous cloche et réduire encore notre capacité de pêche en réclamant son interdiction à la fois dans les aires marines protégées mais aussi dans le golfe de Gascogne. Ce qui reviendrait ni plus ni moins à sa quasi-disparition. C’est oublier que les organisations professionnelles sont impliquées depuis longtemps dans des programmes de préservation des ressources halieutiques, une démarche responsable aux antipodes de la pêche illégale pratiquée sur de nombreux océans et qui, elle, pille véritablement la ressource. Disons-le clairement : la pêche française, dans le cadre européen, est l’une des plus réglementées, des plus contrôlées et surveillées.
A terre ensuite. Impossible en effet de ne pas faire le parallèle avec ce qui se passe actuellement dans l’agriculture. Ainsi, et alors que l’agriculture française détient un des meilleurs indices de durabilité au monde, qu’elle démontre chaque jour son engagement dans la transition environnementale, d’aucuns prônent aussi son affaiblissement, voire la disparition de certaines activités. Au risque de favoriser – comme pour la pêche – les importations en provenance de pays très éloignés de nos exigences environnementales ou sociales. Car, ne nous leurrons pas : ce qui ne sera plus produit ou pêché sur notre sol sera importé d’autres pays qui, eux, s’embarrassent moins de normes. Regardons par exemple comment nous sommes devenus complètement dépendant de la tomate importée du Maroc.
Après l’agriculture, c’est donc désormais la pêche qui fait l’objet d’une sorte de dénigrement systématique. Pourtant, ces deux métiers, agriculteurs et pêcheurs, outre le fait qu’ils soient parmi les plus durs physiquement et les plus exigeants en disponibilité, assurent chaque jour notre souveraineté alimentaire. Ce sont eux qui nous nourrissent !
Alors plutôt que de porter un regard passéiste et souvent anachronique sur ces secteurs, c’est bien le développement durable de ces activités qui doit être encouragé et soutenu. En faisant confiance à la science et aux innovations. Sinon, pêche et agriculture finiront par perdre définitivement en compétitivité. Outre les emplois détruits, notre pays perdra alors cette autonomie alimentaire qu’on nous envie tant à travers le monde. Perte de souveraineté qui peut arriver plus vite qu’on le pense. Il suffit de voir ce qui s’est passé avec l’énergie, l’industrie ou la souveraineté sanitaire.
Rappelons que, même au XXIème siècle, il n’y a toujours pas de plus beau défi pour un pays que d’être capable de nourrir sa population