Déplacement au centre AFPA de Brest
Lundi 28 octobre 2024, je me suis rendu dans les locaux du centre brestois de l’AFPA (Association pour la Formation professionnelle des Adultes), à l’invitation de son directeur Patrice Madaoui. Il était accompagné de Yannick Coum et Christophe Outin, responsables de formation, ainsi que d’Arnaud Lalande, responsable politique publique et territoire pour la Bretagne et les Pays-de-la-Loire.
Après avoir échangé sur l’offre de services déployée par l’AFPA ainsi que ses différents projets, nous avons visité les plateaux de formation, à la rencontre des formateurs et stagiaires.
Des échanges particulièrement éclairants, au regard notamment de mes travaux sur le budget « travail-emploi » du projet de loi de finances pour 2025. Cette mission comporte en effet des mesures phares sur le financement de l’apprentissage et de la formation.
Un acteur historique et de premier plan
Créée en 1949, l’AFPA est le premier acteur de la formation professionnelle et de l’accompagnement en France. Depuis cette date, c’est près d’1 actif sur 8 qui a été formé et qualifié par le centre.
L’AFPA sort d’une période compliquée : accusant un déficit structurel important, l’association avait dû engager en 2017 un plan social et fermer de nombreuses agences. Nous avions fait le point sur ce plan de restructuration avec la directrice nationale lors d’une audition en mars 2023 organisée par la Commission des affaires sociales. La directrice nous avait alors exposé la vision stratégique de l’AFPA.
D’envergure nationale, l’association dispose d’un maillage fort sur le territoire, avec 126 centres.
A Brest, le site accueille chaque année environ 1500 stagiaires, 500 sur les dispositifs « qualifiants » et 1000 sur les dispositifs dits « d’accompagnement ».
L’AFPA a la singularité d’endosser une double casquette : en plus d’être un organisme de formation dit « traditionnel », l’Etat lui a dévolu des missions de service public. Au cœur de celles-ci figure l’accompagnement des personnes les plus éloignées de l’emploi .
Qualifier et former
L’offre de formation de l’AFPA s’articule autour de deux publics cibles :
• les demandeurs d’emploi. En vertu de sa compétence en matière de formation, le Conseil régional est l’un des principaux prescripteurs. En Bretagne, le dispositif qualif-emploi propose ainsi près de 600 formations qualifiantes, couvrant 14 secteurs d’activité. L’AFPA de Brest dispense, dans ce cadre, de nombreuses formations. Mes interlocuteurs m’ont alerté sur la baisse des financements alloués aux régions, qui risque d’avoir un impact sur la politique du Conseil régional en ce domaine.
• les salariés. Cela peut concerner la montée en compétence au sein de l’entreprise (plan de développement des compétences) mais aussi les projets de reconversion professionnelle.
Le directeur m’a par ailleurs indiqué que l’apprentissage a eu un réel effet « boosteur ». J’ai rappelé mon extrême vigilance concernant la baisse des aides à l’apprentissage annoncée par le Gouvernement. J’avais d’ailleurs interrogé la Ministre du Travail et de l’Emploi lors de son audition récente par la Commission des affaires sociales. Plusieurs options sont sur la table : baisse générale, éligibilité conditionnée au niveau d’enseignement ou à la taille de l’entreprise. A ce jour, nous sommes toujours dans l’attente de précisions.
Des formations au plus près des besoins des entreprises
L’activité de l’AFPA au niveau national se répartit sur trois grands secteurs : 47 % dans le tertiaire, 39 % dans le BTP et 14 % dans l’industrie.
J’ai pu visiter plusieurs plateaux techniques et m’entretenir avec des formateurs, notamment en VRD (Voiries et Réseaux Divers) et métallurgie (soudeur, tuyauteur industriel, métallier), des secteurs en forte tension. Ces formations, pour certaines assez méconnues, offrent un panel d’opportunités professionnelles. Les formateurs m’indiquaient prendre le temps de faire un entretien de positionnement, en vue d’adapter le parcours au projet professionnel du stagiaire.
Afin de s’assurer de l’insertion des personnes formées et de coller aux besoins des entreprises, l’AFPA a noué des liens étroits avec de nombreux acteurs locaux (GEIQ 29 pour le secteur du BTP, Colas pour la VRD ou encore Naval Groupe et le CINAV pour la métallurgie).
Accompagner les personnes les plus éloignées de l’emploi, l’ADN de l’AFPA
Acteur à part entière du service public de l’emploi, l’AFPA s’est vu confier par l’Etat des missions de service public. Elles s’articulent autour de deux grands axes.
Le premier porte sur l’ingénierie de formation. Pour le compte du ministère du travail, l’AFPA élabore, révise et délivre les titres professionnels. Cette certification est une porte d’entrée idéale pour accéder à un emploi durable. En complément, l’association conduit des travaux prospectifs : elle conçoit et expérimente les formations de demain en identifiant les compétences émergentes, les métiers d’avenir et les nouveaux besoins des entreprises.
L’accompagnement des publics les plus éloignés de l’emploi figure également au cœur des missions de l’AFPA. Il repose sur le principe d’un accueil inconditionnel, afin de prendre en compte la demande de tous les publics. Si le taux de chômage a diminué, mes interlocuteurs constatent une augmentation des personnes les plus vulnérables, avec un risque fort d’exclusion sociale et professionnelle. Les équipes de l’AFPA – responsables de formation, formateurs, conseillers – sont particulièrement impliquées dans cette dynamique d’accompagnement.
L’AFPA déploie plusieurs dispositifs :
- La promo 16-18, un « sas de remobilisation » pour les mineurs en décrochage scolaire d’une durée de 4 mois. J’avais notamment eu l’occasion d’aller à la rencontre de jeunes lors de ma précédente visite de l’AFPA ;
- Déclic pour l’action, à l’attention des 16-25 ans ;
- Prépa compétences pour les demandeurs d’emploi, bénéficiaires du RSA et du CEJ ;
- Hope, un programme à destination du public réfugié.
« On croit dans notre utilité sociale »
Innover et jouer collectif pour mieux accompagner
Pour aller encore plus loin dans cette mission d’accompagnement, le projet « Village des solutions » a été imaginé. Ce tiers lieu d’innovation sociale et territoriale rassemble différents acteurs autour d’un objectif commun : lever les freins à l’emploi des personnes les plus fragiles. Les membres de collectif coordonnent ainsi leurs actions et expertises afin d’apporter – ensemble – les réponses les plus adaptées.
Le Village des solutions intervient sur 5 thématiques : le logement, la santé, la parentalité, la mobilité et l’inclusion numérique. Aujourd’hui, le centre de Brest a déjà conclu une convention avec la CPAM afin d’améliorer l’accès aux soins des stagiaires. Il investigue actuellement les quatre autres volets, avec des pistes en cours de concrétisation.
On dénombre aujourd’hui en France plus de 40 centres labellisés. La labellisation du centre Brest est en bonne voie et devrait intervenir courant 2025.
Un grand merci au directeur de l’AFPA et à ses équipes pour leur accueil. Cette visite m’a permis de constater que l’AFPA, tout en restant ancrée sur ses fondamentaux, se réinvente constamment.
– 29 octobre 2024 –