Au moins une fois par an, je rencontre le SPIP (Service Pénitentiaire d’Insertion et de Probation) du Finistère dont le siège est situé à Brest.
Le SPIP mène un travail fondamental pour prévenir la récidive, en contribuant à la réinsertion des personnes placées sous main de justice.
=> Ce vendredi 23 mai, j’ai pu ainsi m’entretenir avec le directrice du SPIP 29 Charlotte Schmouchkovitch ainsi que les représentants des syndicats de salariés pour faire un point sur leur activité.
> A revoir mes précédents entretiens avec le SPIP 29 :
🔎Focus sur le travail du SPIP (Service Pénitentiaire d’Insertion et de Probation)
Le SPIP assure le suivi de l’ensemble des personnes placées sous main de justice (PPSMJ). Cela comprend les personnes qui exécutent leur peine en milieu fermé (en détention) et en milieu ouvert, dans le cadre d’une peine alternative à l’incarcération (travail d’intérêt général, semi-liberté, placement sous surveillance électronique entre autres).
Dans le Finistère, le SPIP suit 817 personnes en milieu ouvert et 433 en détention, au sein de la Maison d’Arrêt de Brest. Pour mener à bien cette mission, le service s’appuie sur une équipe de 65 agents, placée sous la direction de Charlotte Schmouchkovitch. Près des deux tiers de cet effectif sont des conseillers pénitentiaires d’insertion et de probation.
En plus de ses locaux à Brest, le SPIP Finistère dispose de deux antennes dans le département, à Morlaix et à Quimper. Il organise également des permanences délocalisées, pour répondre aux difficultés de mobilité.
Afin de prévenir la récidive, il mène trois grandes missions :
- L’évaluation, le suivi et le contrôle des PPSMJ ;
- L’aide à la décision judiciaire dans un souci d’individualisation ;
- L’insertion des PPSMJ, en mobilisant les politiques publiques et les partenaires (acteurs de l’emploi, de la formation, associations, etc.)
💡Dans l’actualité récente, on peut notamment relever l’annonce par le Ministre de la Justice Gérald Darmanin d’organiser des Etats généraux de l’insertion et la probation. L’objectif fixé par le Garde des Sceaux est de « répondre à la problématique de surpopulation carcérale et de redonner du sens et de l’effectivité aux peines prononcées ».
Développer l’offre de peine
Nous avons d’abord échangé avec la directrice sur l’activité du SPIP au sein de la Maison d’Arrêt. Il joue en effet un rôle crucial dans la préparation à la sortie des détenus et leur réinsertion en milieu ouvert. Cette mission s’inscrit en complémentarité avec celle des enseignants, que j’ai eu l’occasion de découvrir plus en détail récemment. Ces derniers accompagnent les détenus dans l’acquisition des compétences indispensables à leur intégration sociale, professionnelle et citoyenne, constituant ainsi un autre pilier essentiel de la réinsertion.
Mais cet engagement se heurte à des conditions matériels dégradées. Lors de mes visites régulières à la Maison d’Arrêt, je constate une situation toujours aussi préoccupante : surpopulation chronique, déficits en matière de sécurisation, agressions répétées contre les agents pénitentiaires…
A plusieurs reprises, j’ai alerté le Gouvernement pour demander davantage de moyens. Je continue à me mobiliser et à suivre la situation de la Maison d’Arrêt, en lien étroit avec la directrice Stéphanie Bilger et les surveillants.
> Sur ce sujet :
A la Maison d’arrêt de Brest, soutien aux enseignants et aux surveillants – 7 octobre 2024
Echanges avec les enseignants de la Maison d’arrêt de Brest – 17 septembre 2024
Maison d’arrêt de Brest : j’ai interpellé le Gouvernement – 28 mai 2024
A la Maison d’arrêt de Brest – 3 avril 2024 ; 15 février 2024
=> Dans ce contexte de surpopulation carcérale, les mesures en matière d’aménagement de peines et d’alternatives à la détention provisoire prennent notamment tout leur sens. C’est une orientation que le SPIP approfondit avec les autorités judicaires.
Madame Schmouchkovitch m’a par ailleurs indiqué que Brest avait candidaté pour la construction de prisons modulaires, destinées aux personnes en semi-liberté. Ce type de constructions présente plusieurs intérêts, en particulier sa rapidité et son coût (les bâtiments sont livrables en 18 mois pour un coût par place construite de l’ordre de 200 000 euros, contre 7 ans et un coût de 400 000 euros pour des établissements classiques).
Des actions prioritaires sur les publics « les plus à risques »
Le SPIP 29 souhaite muscler son action à destination en particulier de trois publics, qui présentent un taux de récidive plus important et sont sur-représentés dans le Finistère.
Développer l’insertion socio-professionnelle des jeunes majeurs
1/4 du public suivi par le SPIP 29 sont des jeunes majeurs, un chiffre au-dessus de la moyenne nationale (17 %).
Pour mieux accompagner ce public , le SPIP 29 axe notamment son action sur le développement des Travaux d’Intérêt Général (TIG). Dans cette optique, une convention a été signée avec la base navale de Brest. Plusieurs jeunes majeurs ont ainsi réalisé des TIG, avec pour perspective une incorporation dans l’armée.
=> Les premiers résultats de cette initiative sont encourageants : les personnes concernées sont motivées, les tuteurs satisfaits et le taux de transformation vers l’emploi élevé.
Agir pour la réinsertion des personnes en situation de handicap
Environ une cinquantaine de personnes suivies par le SPIP 29 sont en situation de handicap.
Or cette population pâtit d’un déficit d’accompagnement lors de la détention, ce qui complique leur préparation à la sortie. Afin de remédier à cette situation, le SPIP souhaite engager un partenariat avec l’Association Cap Emploi. Cette initiative se concrétiserait notamment par la tenue d’ateliers d’informations collectives ainsi que des accompagnements personnalisés.
La prise en charge des personnes condamnées pour violences sexuelles
Ce public représente environ 10 % des individus suivis dans le département.
Mme Schmouchkovitch m’indique qu’il s’agit d’un public particulièrement à risque en termes de récidive. Il est souvent réfractaire aux soins et requiert une prise en charge médicale et psychologique adaptée.
Les propositions des organisations syndicales
Après ce point de situation avec le directrice, j’ai échangé avec les organisations syndicales qui représentent les agents du SPIP (CGT et Snepap-FSU).
Mes interlocuteurs déplorent une vision trop réductrice de la politique pénitentiaire, focalisée sur l’incarcération. Ils plaident en faveur du développement des mesures alternatives. Par ailleurs, le curseur penche selon eux beaucoup trop vers le répressif, au détriment des volets prévention et réinsertion.
Les syndicats ont également abordé la question des moyens humains. Dans le Finistère, un conseiller suit 65 dossiers dans l’année, un chiffre supérieur au référentiel national (60 dossiers en milieu ouvert et 50 en milieu fermé).
Un grand merci à la directrice Charlotte Schmouchkovitch et aux représentants des organisations syndicales pour ces échanges.
– 23 mai 2025 –