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Crédit Mutuel Arkéa. 6 000 salariés manifestent à Paris pour défendre l’indépendance © Ouest-France

L’imposant cortège des salariés du Crédit Mutuel d’Arkéa (fédérations de Bretagne, du Sud-Ouest et du Massif Central) a parcouru à Paris, ce jeudi 17 mai, le trajet depuis la place de la Bastille jusqu’au ministère de l’Économie et des finances. Ils entendent ainsi défendre l’indépendance de leur entreprise qui souhaite désormais quitter la Confédération nationale de la banque mutualiste. Une première dans le monde bancaire. Ils étaient environ 6 000 dans les rues de Paris.

Le premier projet de manifestation, début avril, avait été annulé au dernier moment à cause de la grève perlée à la SNCF. Mais cette fois, en train ou en car, les salariés d’Arkéa sont bel et bien venus en force pour manifester sur le pavé parisien ce jeudi 17 mai. Ils étaient environ 6 000 dans les rues de Paris.

La manifestation a été organisée par le collectif de salariés Indépendance pour Arkéa. Déjà, entre mars et avril, les caisses locales d’Arkéa avaient voté à une écrasante majorité pour l’indépendance à hauteur de 94,5 %.

Comment en est-on arrivé là ?

Une fédération du Crédit Mutuel qui souhaite quitter la Confédération nationale de la banque mutualiste, c’est une première. Depuis des années, le conflit larvé entre Arkéa et l’organe central de la banque mutualiste, n’a cessé de s’envenimer. Du côté d’Arkéa, dont le siège est au Relecq-Kerhuon, aux portes de Brest, on ne cesse de dénoncer le mouvement de centralisation de la Confédération nationale. Pour le groupe, à l’ADN breton, cette situation l’empêche de se développer comme il l’entend.

Mais pour bien comprendre ce conflit inédit, il faut regarder plus vers l’est. Arkéa estime aujourd’hui se retrouver en concurrence frontale avec le CM11-CIC (11 autres fédérations de la banque mutualiste, dont celle du Centre Est Europe). Et Arkéa ne manque jamais de rappeler que les responsables de la Confédération nationale et du CM11-CIC sont les mêmes. Tandis que les produits bancaires ou d’assurances, vendus Arkéa ou par le CM11-CIC, sont bel et bien en concurrence.

Un conflit de plusieurs années

De lettres recommandées en recours juridiques, le conflit entre Arkéa d’un côté, la Confédération nationale et le CM11-CIC, n’a cessé de s’envenimer depuis des années. D’où cette décision d’Arkéa de demander à ses caisses locales, en mars et en avril, de se prononcer sur ce départ de l’organe central. La majorité pour l’indépendance a été très large : presque 95 %. Pour autant, ce projet d’indépendance ne fait pas l’unanimité.

Un Collectif de mutualistes bretons inquiets dénonce cette scission. Au contraire, il y voit des menaces pour l’emploi au sein d’Arkéa et un projet finalement dangereux et incertain. Même si Arkéa réplique que ses très bons résultats lui permettront de supporter tout à fait son statut de banque indépendante.

Pourquoi cette manifestation ?

Il s’agit pour Arkéa et les salariés favorables au projet d’indépendance de peser sur les pouvoirs publics. Au sommet de l’État, on ne voit pas forcément d’un bon œil cette scission au sein de la banque mutualiste. L’un des enjeux pour Arkéa est de pouvoir conserver son statut de banque coopérative et mutualiste. Et les discussions entre le groupe du Relecq-Kerhuon et les autorités de régulation du secteur bancaire portent justement sur ce sujet épineux.

Même si Jean-Pierre Denis, président d’Arkéa, ne cesse d’affirmer que la nouvelle entité restera bien un établissement bancaire mutualiste. En revanche, une chose est acquise : lorsqu’il n’appartiendra plus à la Confédération nationale, le groupe Arkéa ne pourra plus utiliser la marque Crédit Mutuel.

Un combat régional

Au-delà des couleurs d’Arkéa et du rouge prédominant, les drapeaux bretons ont aussi accompagné tout le cortège sur le pavé parisien. Avec à sa tête, des élus politiques bretons comme François Cuillandre (PS), le maire de Brest, Marc Le Fur (LR), député des Côtes-d’Armor, et président du groupe d’opposition droite et centre au conseil régional, des chefs d’entreprise ou encore Thierry Merret, l’ancien chef de file des Bonnets rouges. Les dirigeants d’Arkéa ont aussi voulu faire de leur volonté d’indépendance le combat d’une région. Ils défendent ainsi le projet d’une banque territoriale partenaire des entreprises régionales.

 

© Ouest-France du 17.05.18

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