À travers le projet de loi « Plein-emploi » que nous venons d’examiner à l’Assemblée, le gouvernement porte l’ambition d’un emploi pour tous, en renforçant l’accompagnement des personnes qui en sont le plus éloignées. Il vise aussi à mieux coordonner les acteurs du service public de l’emploi et de l’insertion, demain réunis autour de la nouvelle structure France Travail. […]
© Le Télégramme du 11 octobre 2023
Le droit au travail pour tous
Tribune de Didier Le Gac – 10 octobre 2023
À travers le projet de loi « Plein-emploi » que nous venons d’examiner à l’Assemblée, le gouvernement porte l’ambition d’un emploi pour tous, en renforçant l’accompagnement des personnes qui en sont le plus éloignées. Il vise aussi à mieux coordonner les acteurs du service public de l’emploi et de l’insertion, demain réunis autour de la nouvelle structure France Travail.
Ainsi, loin des caricatures, lues ici ou là, ce texte entend améliorer le suivi des bénéficiaires du RSA dans le cadre d’un contrat d’engagement réciproque. En cela, il revient à l’esprit qui prévalait à la création du RMI en 1988. À l’époque en effet, Michel Rocard, lors de son discours de politique générale du 29 juin 1988 déclarait : « Le revenu minimum doit être étroitement lié à un effort d’insertion ». Et il ajoutait : « Il nous faudra veiller à ce que cette réforme atteigne bien ses buts, sans créer des abonnés de l’assistance, sans négliger la volonté tenace de l’insertion ». Qui s’est ému alors de telles paroles qui rappelaient simplement le principe d’un droit nouveau associé à un devoir ?
Le récent rapport de la Cour des comptes (janvier 2022) sur l’évaluation du RSA souligne un échec collectif, long de 20 à 40 ans. Aujourd’hui, terrible constat, 7 ans après leur inscription, 42 % des bénéficiaires sont toujours au RSA et, plus cruel encore, 18 % d’allocataires ne bénéficient d’aucun accompagnement, social ou personnel. Qui peut se satisfaire de cette situation ? Dans ces conditions, il ne faut pas s’étonner qu’aujourd’hui le RSA soit devenu une trappe à précarité. Notre responsabilité est de refermer cette trappe car personne ne doit être assigné à vie à la pauvreté. C’est pourquoi ce projet de loi propose un suivi hebdomadaire, renforcé, qui doit travailler sur les freins liés à la recherche d’un emploi (problèmes de logement, de mobilité ou de gardes d’enfants) afin de permettre à chacun le retour à une activité. Car un emploi est avant tout, source de revenu mais aussi de dignité et d’émancipation. Encore plus quand 82 % des entreprises – et c’est particulièrement vrai dans notre département – déclarent avoir des difficultés à recruter quels que soit les postes.
Ce que nous avons réussi hier avec l’apprentissage nous pouvons le réussir demain avec les personnes les plus éloignées du travail. En réformant en 2018 la formation professionnelle, en revalorisant enfin l’alternance, en orientant mieux les financements, nous avons fait tripler le nombre d’apprentis en passant de 300 000 en 2017 à 900 000 aujourd’hui, avec l’objectif de un million bientôt.
Il n’y a pas de fatalité. Le taux de chômage actuel est le plus bas depuis 1982 dans notre pays. Il est cependant encore trop élevé. Avec le concours essentiel des collectivités locales et de tous les acteurs, cet objectif de plein-emploi, encore impensable il y a quelques années, est désormais à notre portée. Ne manquons pas ce rendez-vous.