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Soutien aux enseignants et surveillants de la Maison d’Arrêt de Brest

Déplacement à la Maison d’Arrêt de Brest

Après avoir visité les différents quartiers de détention début 2024 (en février et avril), je me suis rendu une nouvelle fois à la Maison d’Arrêt de Brest, ce lundi 7 octobre, pour découvrir l’espace scolaire de l’établissement.

Le volet d’action « enseignement » de la Maison d’Arrêt, largement méconnu, est un levier essentiel pour la réinsertion des détenus. 

A l’occasion de ce déplacement, j’ai également tenu à m’entretenir avec la directrice Stéphanie Bilger et les représentants syndicaux des surveillants pénitentiaires, soucieux de faire un point de suivi sur les différentes demandes exprimées lors de nos précédents échanges.

 

 

Visite de l’espace scolaire

Cette visite de l’espace socio-éducatif de la Maison d’Arrêt fait suite à un entretien à ma permanence parlementaire avec l’Unité Locale d’Enseignement (ULE), le 17 septembre 2024.

Au cours de cette rencontre, le responsable de l’ULE Jean Fraissinet et ses deux collègues, Myriam Schwab et Sandrine Pasquet, m’avaient présenté le fonctionnement de l’enseignement en milieu pénitentiaire.

> A relire : Rendez-vous avec les enseignants de la Maison d’Arrêt de Brest – 17 septembre 2024

 

La lecture, un outil pour s’ouvrir

Nous nous sommes d’abord rendus à la bibliothèque, située à proximité du jardin de la Maison d’Arrêt. Son partenariat avec la médiathèque de Brest lui permet d’être régulièrement achalandée. En termes d’organisation, ce sont deux détenus qui ont en charge la gestion de la bibliothèque. Chaque étage dispose d’un créneau d’une demi-journée par semaine pour venir emprunter des ouvrages.

Sous l’impulsion de Myriam Schwab, l’établissement a lancé une forte dynamique destinée à favoriser l’accès à la culture des détenus.

Régulièrement se déroulent des rencontres avec des auteurs et des bibliothécaires.

La Maison d’Arrêt s’est également investie dans le Goncourt des détenus. Créé en 2022, ce prix porte l’ambition de « développer l’intérêt pour la lecture et le sens critique des détenus ».  C’est d’ailleurs Brest qui avait été sélectionné pour porter la voix de l’ensemble des établissements du Grand Ouest l’année dernière. La Maison d’Arrêt est de nouveau mobilisée pour l’édition 2024, officiellement lancée début septembre.

 

 

Des enseignants engagés

Au 1er étage, à proximité du quartier des femmes se situe l’aile socio-éducative, avec trois salles de cours et la salle des « profs ». Lors de cette visite, organisée par le responsable de l’ULE Jean Fraissinet, se tenaient simultanément un cours d’alphabétisation, une leçon d’histoire-géographie et un cours d’anglais en vue de l’obtention d’un CAP commerce.

1/3 des cours se déroulent sous un format de mixité. Cette initiative brestoise a pu se déployer grâce au concours de la direction et des surveillants et à la bonne connaissance des publics ; deux conditions nécessaires pour garantir la sécurité et le bon déroulement des enseignements.

Au total, ce sont près de 120 personnes qui, chaque semaine, suivent ces cours d’une durée d’1h30. Le panel des « élèves » est extrêmement varié au niveau des âges, des formations suivies et des diplômes préparés.

A ce jour, les enseignants regrettent de ne pouvoir satisfaire toutes les demandes : la taille de l’équipe pédagogique – 3 enseignants à temps plein, secondés par une dizaine de vacataires – est calquée sur la capacité d’accueil effective de l’établissement et ne prend pas en compte la surpopulation.

Toujours dans l’optique d’améliorer la réinsertion des détenus, l’ULE souhaiterait un poste supplémentaire et proposer un cours d’initiation à la culture bretonne.

Puis nous nous sommes rendus dans les espaces dédiés à la formation pré-qualifiante, dispensée par des organismes de formation extérieurs tels que le CLPS. J’ai pu échanger avec des élèves en formation pour les métiers de la restauration (cuisine et service).

 

=> Une visite particulièrement instructive, avec des enseignants dévoués et enthousiastes. Je me suis engagé à relayer leurs demandes.

 

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Mon entretien avec les syndicats de surveillants

Cette matinée s’est conclue par un échange avec les représentants des syndicats de surveillants, Reynald Cochennec (FO – Pénitentiaire) et Gaëtan Saliou (UFAP – Union Fédérale Autonome Pénitentiaire). 

Lors de notre précédente rencontre, les surveillants avaient formulé un certain nombre de propositions visant à améliorer les conditions de détention et les conditions de travail du personnel pénitentiaire. Des besoins d’autant plus prégnants au vu de la surpopulation qui affecte l’établissement (447 détenus pour 254 places). Nous avons rebalayé l’ensemble des dossiers.

 

La sécurisation de l’établissement

Si des travaux de sécurisation sont régulièrement réalisés au sein de la Maison d’Arrêt (un filin anti-hélicoptère a récemment été installé), plusieurs points noirs demeurent. Reynald Cochennec déplore notamment l’absence de sécurisation du parking et les jets de colis, soulignant des projections quasi-quotidiennes. 

Suite à ma dernière visite,  j’avais interpellé en séance publique le Gouvernement le 28 mai 2024 sur ce sujet. La ministre sur le banc m’avait répondu : « un diagnostic de faisabilité portant sur l’installation de filets antiprojections a été établi. La demande correspondante – le coût s’élève à 2,2 millions d’euros – fera l’objet d’une attention toute particulière dans le cadre du projet de loi de finances pour 2025, afin d’être priorisée et de permettre, le cas échéant, les engagements budgétaires nécessaires ».

A la veille des débats budgétaires, j’ai saisi le nouveau Garde des Sceaux pour lui signaler cette situation.

> Mon courrier au garde des Sceaux

 

En outre, les représentants syndicaux s’inquiètent du nombre croissant de drones survolant le terrain de sport pour livrer illégalement des colis aux détenus. Lutter contre ce phénomène exigerait un système de brouillage d’ondes, équipement qui s’avère très coûteux.

 

 

Pour une réponse globale au narcotrafic

Gaëtan Saliou souligne l‘augmentation considérable du trafic de stupéfiants, avec un lien structuré entre l’intérieur et l’extérieur. Au-delà des mesures propres à la Maison d’Arrêt pour limiter l’intrusion de ces substances illicites – dont le filin anti-projections fait partie -, le système d’organisation de lutte contre le narcotrafic mériterait d’être revu.

Il plaide notamment pour la mise en œuvre des recommandations de la Commission d’enquête transpartisane du Sénat sur l’impact du narcotrafic en France, présidée par Jérôme Durain (PS – Saône-et-Loire) et dont le rapporteur était Etienne Blanc (LR – Rhône). Les sénateurs préconisent, entre autres, la création d’un parquet national antistupéfiants, le renforcement de la place des renseignements ainsi que l’octroie de davantage de moyens et d’autorité à l’office antistupéfiants.

 

La question de l’attractivité du métier de surveillant

S’il manque encore du personnel titulaire, la directrice Stéphanie Bilger constate de légers progrès.  Depuis 2024, l’établissement accueille des stagiaires et des sorties d’écoles. Les effectifs ont augmenté légèrement, avec l’arrivée de deux personnes titulaires et de deux stagiaires.

 

La santé mentale, génératrice de tension

Gaëtan Saliou a attiré mon attention sur la politique générale de santé mentale. Erigée en grande cause nationale par le nouveau Premier ministre, elle ne doit pas oublier le milieu carcéral.

La gestion des détenus ayant des troubles psychiatrique requiert une prise en charge individualisée et est génératrice d’incidents. Les surveillants sont ainsi amenés à faire beaucoup de préventif pour diminuer la tension. Une activité qui alourdit leur tâche et dépasse leur champs de compétence. Pour Monsieur Saliou, ces personnes doivent être transférées dans des structures spécialisées.

 

Faire face à la surpopulation

Face à la surpopulation endémique qui affecte la Maison d’Arrêt (le taux de densité carcérale atteint 176%, soit au-dessus de la moyenne nationale qui est de 153,6%), Reynald Cochennec défend la création d’un nouvel établissement sur le Finistère.  Une mesure de bon sens, en comparaison de l’organisation de l’administration pénitentiaire sur les autres bassins de vie bretons.

 

=> Je remercie les représentants syndicaux de m’avoir exposé clairement leur diagnostic et les propositions associées. Ils peuvent compter sur ma mobilisation.

 

 

Un grand merci à Madame Bilger, directrice de l’établissement, pour l’organisation de cette visite et à l’ensemble du personnel pour leur accueil.

 

– 10 octobre 2024-

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