Depuis le vendredi 16 mai, l’Assemblée nationale examine deux textes majeurs sur la fin de vie. Le premier, relatif aux soins palliatifs et à l’accompagnement, a été entièrement débattu ce même jour. Le second, consacré au droit à l’aide à mourir, est en cours d’examen, avec un vote solennel prévu le mardi 27 mai.
Andrée Guillamet, déléguée finistérienne de l’ADMD29
Parce que ce sujet touche à l’intime, à la dignité et à la liberté de chacun, j’ai décidé de donner la parole à Andrée Guillamet, déléguée finistérienne de l’ADMD29 (Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité – Finistère) pour cette rubrique « Trois questions à… ». Son engagement de longue date et sa connaissance du terrain apportent un éclairage précieux sur les enjeux de ces deux propositions de loi.
Après avoir été interrompu par la dissolution, le débat sur la fin de vie a fait son retour dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale. Qu’attendez-vous des débats en cours ?
Andrée Guillamet : J’attends que le débat permette enfin d’ouvrir un droit à choisir les conditions de sa fin de vie. Beaucoup de Français souhaitent qu’on respecte leur volonté de ne pas souffrir quand la médecine ne peut plus les soigner. Il ne s’agit pas d’imposer l’euthanasie, mais de donner à chacun la liberté de choisir entre soins palliatifs et aide active à mourir comme c’est déjà le cas dans plusieurs pays. Ce droit s’accompagnerait d’une clause de conscience pour les soignants. D’ailleurs, 74 % des médecins y sont favorables selon un sondage récent.
Estimez-vous que ces deux textes sont équilibrés ?
AG : Ces textes sont équilibrés, car ils résultent d’un travail parlementaire incluant des amendements de tous les bords. La question est maintenant de savoir s’ils suffiront à répondre aux besoins concrets : les soins palliatifs seront-ils assez financés ? Les formations et procédures seront-elles pertinentes et adaptées ? Un point important semble avoir été négligé : l’absence de prise en compte des directives anticipées pour les patients qui ne peuvent plus réitérer leur demande en fin de vie, comme ceux atteints de maladies neurodégénératives dont le discernement, dans 20 % des cas, est finalement altéré dans la phase finale de vie.
Le développement des soins palliatifs n’est-il pas suffisant pour mourir dans la dignité ?
AG : Le développement des soins palliatifs, encore trop insuffisants en France, est essentiel. Ils apportent des réponses précieuses à de nombreuses situations de fin de vie, et il faut saluer le travail des soignants en ce domaine. Mais même lorsque ces soins sont bien mis en œuvre, 5 % des personnes persistent dans leur demande d’aide à mourir. Pour elles, une fin de vie sous sédation profonde n’est pas acceptable. D’autres encore, atteints de maladies graves mais non éligibles aux soins palliatifs, connaissent aussi une forte dégradation de leur qualité de vie.
Les échanges passés avec l’ADMD du Finistère :
A lire : Projet de loi « fin de vie » : ma position
Voir aussi :
Trois questions à… Jean-Hervé Caugant
Trois questions à… Philippe Perrot
Trois questions à… Anne Apprioual
– 23 mai 2025 –